Lien vers le banc d'essai original
Les ingénieurs logiciels de Simaudio ont été très occupés si l'on en croit la récente annonce de l'intégration de Spotify Connect. Contrairement aux services de streaming « sans perte », comme Qobuz et Tidal, qui peuvent être intégrés directement dans l’application de contrôle Moon Mind, Spotify Connect fonctionne différemment. Ainsi, à partir d'une application autonome, Spotify contrôle les données qui sont envoyées au lecteur de streaming Moon Mind2. Avec la perspective de voir Spotify proposer le streaming sans perte aux "abonnés Premium sur certains marchés", l'énorme bibliothèque de ce fournisseur pourrait bien bouleverser le marché du streaming pour les connaisseurs que nous sommes. Reste à savoir si la qualité sera à la hauteur des fournisseurs établis et quelle part de leur catalogue sera disponible sans perte, mais c'est une initiative encourageante, même si Billie Eilish ne semble pas la comprendre. À l'heure actuelle, il n'existe à notre connaissance aucune option permettant d'intégrer le service HD d'Amazon au 680D ou à tout autre streamer audiophile, la seule solution consiste à utiliser Apple Airplay 2. Cette fonction a également été intégrée aux streamers Moon et permet à presque tous les services musicaux basés sur des applications d'être diffusés depuis l'appareil (tablette, smartphone) vers un Moon Mind à une résolution allant jusqu'au 16/44.1 du CD.
Le Moon 680D est l'avant-dernier streamer/DAC de la gamme, c'est un appareil complet avec pléthore de connecteurs sur la face arrière et heureusement peu de boutons en façade. Une télécommande permet d'accéder à un plus grand nombre de commandes, y compris la très importante option lecture/pause. Il y a des commandes système complètes sur cette télécommande, y compris le contrôle du volume, mais cela ne s'applique pas ici où seules les commandes de transport et quelques autres options sont disponibles. Il n'y a pas moins de neuf entrées numériques, y compris wi-fi et Bluetooth aptXTM, deux entrées coaxiales et deux optiques, une AES/EBU, USB et ethernet. Les sorties sont de type XLR symétrique et RCA non symétrique. A côté de cela, il y a plusieurs prises de trigger et de liaison pour l'intégration dans une installation multiroom ou simplement pour faciliter l'utilisation d'un système Moon complet. Fonction avancée des plus intéressante, la possibilité de connecter une alimentation externe comme la Moon 820S, à l’aide des 2 connecteurs XLR 4 et 5 broches. Il s'agit d'un bloc d'alimentation de taille normale dont le prix est presque égal à celui du 680D et disposant de sorties pour alimenter les circuits de traitement analogiques et numériques séparément.
L'application Moon MiND Controller permet de sélectionner les entrées du 680D, mais sa fonction première est de contrôler le streamer Mind2. Son interface sera familière à tous ceux qui ont utilisé une application Linn ou similaire, avec une sélection d'artistes, d'albums et de pistes sur la droite et une liste de lecture avec les illustrations des albums sur la gauche. Elle affiche le format et le taux d'échantillonnage (pour les formats sans perte) et il est possible de supprimer l'illustration si vous souhaitez voir davantage la liste de lecture. Cette dernière peut être éditée, effacée ou sauvegardée et lorsque vous affichez un nouvel album, vous avez la possibilité de "tout lire" ou "tout mettre en file d'attente", cette dernière option plaçant les pistes en haut de la liste de lecture tandis que la première vous permet de choisir où les placer. Vous pouvez également choisir une piste et la lire ou la mettre en file d'attente, c'est assez intuitif une fois que vous avez compris qu'il est nécessaire d'appuyer sur lecture après avoir choisi la piste. Le 680D est également compatible Roon et vous pouvez le contrôler avec ce logiciel particulièrement impressionnant, moyennant un certain prix.
J'ai été impressionné par la vitesse à laquelle le lecteur de streaming de ce produit met une piste en marche, c'est nettement plus rapide que ce à quoi je suis habitué, et la possibilité de faire glisser une liste de lecture de haut en bas afin de trouver une piste est pratique. La liste de lecture ne se déplace pas de manière à ce que la piste en cours soit en haut de la liste, mais vous pouvez voir ce qu'il en est en double-cliquant sur l'en-tête "play queue". Les commandes de transport se trouvent en bas de la page, donc toujours faciles d'accès.
En termes de ce qui se trouve sous le capot, Simaudio décrit le 680D comme offrant 95% de ce que vous obtenez avec un 780D v2 à environ 70% du prix, mais l'audio haut de gamme est réputé pour ses rendements décroissants. Les différences physiques sont une seule puce DAC plutôt que deux, et une horloge femto plutôt qu'une pico. Il est compatible PCM 32/384 et DSD256 et offre un décodage MQA complet sur toutes les entrées, bien qu'il soit peu probable que vous receviez un signal MQA d'une autre source que Tidal sur le streamer Mind2.
Qualité du son Il m'a fallu un certain temps pour m'imprégner du son du 680D, car il n'a pas beaucoup de caractère, sauf peut-être un léger adoucissement des extrêmes aigus, mais il y a une chaleur dans la restitution qui fait qu'il pardonne les enregistrements de moindre qualité et contribue à une forte sensation de musicalité. Il y a une tendance avec beaucoup de DACs à creuser si profondément dans les détails que vous obtenez plus une analyse qu'une performance, les meilleurs exemples peuvent donner à la fois les détails et l'image globale mais beaucoup s'accrochent à des détails audiophiles qui peuvent se mettre en travers de la musique. J'aime également la facilité avec laquelle on peut changer de bibliothèque musicale, on ne peut pas les combiner comme le fait Roon, mais c'est l'une des raisons de l'option Roon.
Il fait bien tout ce que l’on peut attendre d’un produit hi-fi de cette trempe, ceci a été amplement démontré avec Touch of Trash de Patricia Barber en proposant une profondeur de scène et une ouverture des plus réaliste. La puissance des basses de l'enregistrement est bien restituée et le solo de trompette est livré sans aucun reflet numérique, ce que beaucoup de DACs ont du mal à faire. Sa tonalité est un peu plus généreuse que la moyenne, sans pour autant être équipés de tubes dans l'étage de sortie, mais il penche dans cette direction et c'est peut-être pour cela que les voix sont si bien définies.
N’obtenant pas autant d'énergie que je l'espérais, j’ai donc changé de bibliothèque, passant d'un Melco N1A qui fonctionne avec mon streamer habituel à un Innuos Zenith SE qui a un peu plus d'énergie. Cela a semblé s'accorder très bien avec le Moon, améliorant le timing de façon notable et renforçant la capacité du 680D à reproduire l'expression dans les voix et le jeu. Le résultat est une version plus ronde et plus complète des événements qui m'a donné envie d’écouter un vieil album de Yo Miles ! intitulé Upriver. Cet hommage à l'ère électrique de Miles Davis commence de manière puissant par Go Ahead John, avec le trompettiste Wadada Leo Smith que le Moon laisse passer sans accentuer la brillance de son instrument. Lorsque Henry Kaiser se déchaîne à la guitare électrique, c'est l'un des morceaux les plus foudroyants de l'album, mais le 680D prend tout cela à bras le corps, laissant l'énergie couler sans rien lâcher qui puisse en miner la puissance.
J’ai découvert qu'il n'est pas nécessaire d'avoir un compte Spotify Premium pour accéder au catalogue substantiel du géant du streaming et j'ai constaté qu'il était assez facile de choisir le 680D comme lecteur à partir de l'application Spotify. Les résultats ont été limités par le faible débit binaire disponible pour l'utilisateur non payant, mais il a prouvé que cette option fonctionne et fonctionne aussi facilement que Spotify. J'ai également essayé quelques titres MQA de Tidal et les ai comparés à des versions haute résolution similaires sur Qobuz. Le résultat a été que le MQA sonnait mieux que la première fois que je l'ai essayé il y a plusieurs années, mais que les versions PCM directes sur Qobuz semblaient un peu plus naturelles. Il y avait un léger "halo" sonore sur les pistes MQA qui les faisait sonner "hi-fi" mais qui semblait être présent sur tout, cela demande un peu plus d'investigation mais je ne suis toujours pas convaincu par ce format. Une piste était The Man Who Sold the World de Bowie, qui était légèrement plus solide dans les basses et moins phasé avec un meilleur timing sur Qobuz, un résultat qui a été reproduit sur Life Goes On de Carla Bley, un enregistrement contemporain sur ECM très propre, avec une restitution plus tendue et ferme sur le flux PCM.
L'utilisation du Moon uniquement comme DAC avec un streamer externe Auralic Aries G2.1 connecté en USB a révélé une conversion du Moon très performante. Il a fourni un timing, une transparence et une articulation excellents à partir d'une variété d'enregistrements et a produit un son totalement immersif. Le streamer Mind2 embarqué est un peu plus calme et plus fluide pour un rendu plus sobre tout en proposant une connexion forte à la performance musicale. Cela était des plus flagrant à l’écoute de l’enregistrement solo Paris/London Testament de Keith Jarrett, où l'intensité qu'il fait monter avec une progression répétée à la fin de London Part VII était hypnotique.