Banc d'essai MOON North 791 et 761 / hifizone / 29 décembre 2023

Le Moon 791 est un lecteur réseau, un convertisseur numérique-analogique et un préamplificateur, le tout enfermé dans un châssis très caractéristique et tout simplement magnifique. Il suffit d’y associer un amplificateur de puissance (et des haut-parleurs, bien sûr) pour compléter un système audio très performant qui mérite pleinement l'appellation « haut de gamme ».

C'est pourquoi nous avons décidé d'examiner le 791 en même temps que le Moon 761 - l'amplificateur de puissance correspondant qui n'est pas seulement visuellement assorti à sa source parente, mais qui fait également partie de la même collection d'appareils audio méticuleusement conçus. Oui, une collection, car le fabricant affirme que la ligne/collection North - à laquelle appartiennent le 791 et le 761 - est bien plus qu'une énième gamme de produits.

Quand on sait que la société canadienne Moon by Simaudio n'est pas une entreprise qui prend à la légère l'introduction de nouveaux produits dans son prestigieux catalogue, on peut se faire une idée de ce que cela signifie. C’est donc une grande nouvelle, surtout si l'on considère que nous avons ici sept - si l'on compte la télécommande intelligente BRM-1 - nouveaux produits jusqu'à présent (nous y reviendrons plus tard) qui partagent tous les mêmes caractéristiques. Et, évidemment, l'idée profonde qui les inspire.

Lorsque j'ai interrogé Costa Koulisakis de Simaudio sur le concept derrière la collection dans son ensemble, sa réponse a été très claire :

« Chez Simaudio, nous changeons rarement nos produits. Il y a 18 ans, nous avons lancé toute une série de produits phares. Bien sûr, quelques nouveaux modèles sont apparus au fil du temps, mais une gamme complète de nouveaux appareils de niveau 600+ ?  Oui, cela fait 18 ans que cela n’a pas été le cas. Pendant tout ce temps, nous avons appris, découvert et créé un grand nombre d'idées et de technologies nouvelles, et la seule façon de les mettre en œuvre était de les intégrer dans une toute nouvelle gamme de produits haut de gamme. Afin de leur donner une identité unique et les différencier du reste de la gamme MOON, nous avons appelé l’ensemble de ces créations la North Collection. »

Mais ce n'est pas tout, comme l'explique un autre gentleman de Simaudio, Dominique Poupart :

« Dans le passé, les modèles MOON avec les numéros 600 et plus étaient principalement des modèles à vocation unique ; comme un préampli phono dédié, un préampli, un DAC, un ampli de puissance, etc. Nous prétendions alors que c'était la meilleure façon d'obtenir la meilleure qualité sonore. Ces dernières années, nous avons compris que nos clients souhaitaient réduire le nombre d'appareils nécessaires à la création d'un système haut de gamme performant. Alors nous y avons travaillé. Nous avons trouvé des moyens et développé la capacité de concevoir des produits dans lesquels la combinaison des fonctionnalités, de l'audio numérique et analogique au sein d'un même produit, peut être construite de manière à ne pas représenter un compromis de performance de quelque manière que ce soit. Par exemple, le 791 est un meilleur préampli analogique que le 740P, purement analogique. Cette nouvelle philosophie est donc introduite avec la collection North. Moins de matériel, mais des fonctions modernes et un son encore meilleur ! »

À une époque où le monde de l'audio haut de gamme est en train de changer, et où les plateformes de streaming prévalent et modifient brusquement les attentes des clients, il s'agit d'une initiative audacieuse, mais néanmoins très intelligente de la part de la maison canadienne, dont nous avons déjà eu l'occasion d'apprécier les produits. Il y a quelques temps, nous avons testé un intégré tout-en-un appelé ACE, suivi par deux des amplis intégrés de Moon - le 600i V2 et le 250i V2. Chacun de ces composants nous a laissé une très bonne impression. Mais avant d'en venir à l'essentiel de cet article, j'aimerais faire une petite digression. D'après ce que j'ai entendu, mais aussi d'après mon expérience pratique, je comprends parfaitement pourquoi Moon ne renouvelle pas ses produits tous les deux ans. Si nous laissons le son de côté un instant, la particularité de chaque produit Moon sur lequel j'ai posé les mains est qu'il était très complet. Complet dans le sens où chaque fonctionnalité était opérationnelle, chaque chose était à sa place et si quelque chose, une caractéristique particulière, était implémentée, elle était bien mise en œuvre.

Comme je n'insisterai jamais assez sur ce point, permettez-moi, dans un souci de clarté, d'élargir un peu la réflexion. En tant qu'évaluateur, mon exposition au matériel est assez différente, et j'ai tendance à remarquer de légères différences entre des appareils qui - du moins très souvent en théorie - devraient tous se comporter exactement de la même manière. Or, la réalité est très souvent, pour le dire avec diplomatie, différente. Et ce sont surtout ces petits détails, généralement associés au fonctionnement quotidien, qui font toute la différence.

Permettez-moi d'y revenir un peu plus tard, car puisque nous sommes du côté des commandes, il y a un autre aspect intéressant de cette nouvelle offre de Moon. Ou, plus concrètement, une pièce qui mérite autant d'attention que les appareils qu'elle commande. Mesdames et Messieurs, voici la télécommande intelligente BRM-1.

La BRM-1 est, sans conteste, l'œuvre d'un génie. Pendant plusieurs années, j’ai utilisé diverses télécommandes, en plastique, en métal, en bois, ayant toutes le même principe de fonctionnement, et cette invention de Moon est vraiment spéciale. Elle est tellement différente et - oui - tellement meilleure en termes de sensations et d’ergonomie que votre télécommande habituelle. Elle est presque entièrement faite d'aluminium méticuleusement façonné. La partie inférieure est composée de deux types de plastique (afin qu'elle ne raye pas les surfaces sur lesquelles elle repose - comme le verre, par exemple) et chaque élément du design est terriblement bien pensé. Prenez la batterie par exemple : elle est intégrée à la BRM-1 et vous pouvez la recharger via USB-C. Mais pour garder une apparence irréprochable, le port de charge est situé sous la télécommande. Et puisque quelqu'un chez MOON a fait bon usage de sa matière grise, une petite rainure dans la base du BRM-1 permet d’acheminer le câble du chargeur à travers elle. Oui, c'est un détail, mais en pratique, un détail qui compte. Car dans le cas - non seulement de la télécommande, mais aussi - des 791 et 761, ce sont précisément tous ces petits détails qui font que l'on peut vraiment leur associer le qualificatif « haut de gamme ».

Costa Koulisakis, de Moon, explique la genèse de la BRM-1 en ces termes :

« Les télécommandes IR (infrarouges) existent depuis des décennies. Nous pensons que la marge de manoeuvre créative possible avec ce type de télécommande a été largement épuisée par tous les fabricants de l'industrie, et ce, alors que c'est un élément essentiel de l'expérience produit. C'est l’objet que vous tenez dans votre main et avec lequel vous avez un contact physique la plupart du temps. Vous devez prendre la télécommande, la regarder, la diriger vers l'appareil que vous voulez faire fonctionner et appuyer sur les boutons appropriés. Et si vous quittez la pièce, elle devient inutile car elle doit être en ligne de mire avec le produit qu'elle fait fonctionner »

Une réflexion intelligente, sans aucun doute, à laquelle Costa ajoute quelques mots sur l’expérience utilisateur :

« La BRM-1 adopte une approche totalement différente de l'expérience utilisateur et la rapproche de ce que nous voulons qu'elle soit. Elle est avant tout agréable à utiliser, en particulier son bouton rotatif qui imite, dans une certaine mesure, la sensation du bouton de volume du panneau avant des appareils. Comme elle fonctionne via Bluetooth, il n'est pas nécessaire d’avoir l’appareil en question en ligne de mire. La communication est bidirectionnelle, d'où la présence d'un affichage. Vous remarquerez la rapidité avec laquelle elle réagit et se met à jour en fonction des changements effectués directement sur le 791, par exemple une modification du volume. Pour la première fois, nous nous sommes éloignés de ce que presque tout le monde fait, à savoir une longue plaque d'aluminium avec des boutons qui a presque toujours l'air trop différente du produit qu'elle fait fonctionner. La BRM-1 a un aspect cool, agit de manière cool (grâce à ses fonctionnalités) et est tout simplement ultra amusante à utiliser. L'objectif était de s'éloigner des conventions et d'améliorer sérieusement l'expérience de l'utilisateur, et nous pensons que nous y sommes parvenus. »

Je suis tout à fait d'accord avec les deux dernières phrases. Et la seule chose que je voudrais encore souligner est son facteur de coolitude, comme on dit familièrement - revenir à une télécommande classique est tout simplement impensable.

Puisque nous avons déjà parlé de la BRM-1, intéressons-nous maintenant aux véritables stars de cet article. En l'occurrence, le lecteur réseau/préamplificateur Moon 791 et l'amplificateur de puissance Moon 761. Puisqu’il y a beaucoup plus à dire sur le premier, nous allons d’abord nous intéressés à lui, puis jeter un coup d'œil à l'amplificateur de puissance qui l'accompagne. J'aimerais également souligner que, bien que j'aie écouté le 791 seul, j'ai également effectué des séances approfondies avec le 791 et le 761 en tant que système. Cela m'a permis d'obtenir des informations intéressantes, que je détaillerai un peu plus loin.

Lecteur réseau/Préamplificateur Moon 791

Dans son dossier de presse, Moon déclare que le 791, membre manifeste de la nouvelle collection North, est bien plus qu’un préamplificateur analogique sérieux, comme l’était par exemple le 740P. Car comme je l’ai brièvement mentionné, les fonctionnalités du 791 sont beaucoup plus étendues. Il s'agit d'un lecteur réseau complet, d'un convertisseur numérique-analogique doté de la technologie DAC MDE (Moon Decoding Engine) développée en interne, et d'un préamplificateur doté d'un étage phono et d'un contrôle de volume MVOL3. Un simple coup d'œil à l'arrière du 791 nous permet de découvrir toutes les possibilités de connexion, ainsi que les entrées et sorties de ligne entièrement symétriques.

Le lecteur réseau est basé sur la plateforme MIND de MOON et offre donc tout ce que l’on peut espérer de nos jours. Il est Roon Ready. Il intègre Tidal Connect. Il possède même une entrée USB si quelqu'un souhaite y connecter - pour une raison ou une autre - un PC. La connexion au réseau domestique peut se faire par câble Ethernet ou WiFi. Quant à l'installation, elle est très simple. Elle fonctionne instantanément. Fait amusant, il ne signale pas que la connexion sans fil a été établie. Le 791 se connecte simplement et est prêt à diffuser de la musique.

Les choses sérieuses se situent sous son capot, puisque son DAC utilise une combinaison intéressante de puce DAC et de FPGA qui la contrôle. Lorsque j'ai interrogé Dominique Poupart de Moon sur le concept du MDE-2 DAC, voici ce qu'il m'a répondu :

« MDE est l'acronyme de MOON Digital Engine. Il est basé sur un FPGA et une puce ESS. Le FPGA réalise un re-clocking avec une précision de l'ordre de la pico-seconde et deux ensembles de quatre sorties de canaux DAC sont additionnés dans l'étage analogique. »

Il explique ensuite plus en détail :

« Le signal audio numérique représente le zéro et le un via deux niveaux différents, mais on peut considérer ce signal comme un signal analogique. Idéalement, le signal devrait être très carré avec des transitions très claires d'un niveau à l'autre. Mais en réalité, il est beaucoup plus arrondi qu'on ne le pense, ce qui brouille la précision du temps de transition. Nous utilisons le FPGA de manière à re-clocker le signal et à contrôler le temps de montée du signal, etc. Cela permet au convertisseur numérique-analogique de donner le meilleur de lui-même. La qualité des sources numériques est, autant que faire se peut, indépendante de l’entrée. »

Un concept intéressant, surtout si l'on tient compte du fait que Moon ne se vante pas de la conception de la puce elle-même (pour ceux que cela intéresse : c’est une ESS 9038Pro). C'est surtout parce que la philosophie de la maison est que tout est dans l'exécution et l'application d'un ensemble particulier de composants, et non pas les composants eux-mêmes. Ceci est de la plus haute importance, car j'aimerais souligner une autre chose, une fausse idée généralement très répandue parmi les amateurs d'audio, y compris ceux qui travaillent dans l’industrie : il est très souvent associé à une puce A telle signature sonore, tandis que la puce B a telle autre, et ainsi de suite. Tout cela se produit généralement parallèlement à une incompréhension générale de la manière dont l'ensemble du circuit autour du silicium fonctionne dans le contexte de la création d'une signature sonore finale. De nos jours, de nombreuses entreprises utilisent le choix de la puce DAC comme leur principal argument de vente. Ce qui est, j'ose le dire, préjudiciable à la fois aux clients et à l'industrie. Cela conduit en quelque sorte à une course à l'armement inutile, sans pour autant repousser les limites.

Pour en revenir au 791 lui-même, il convient également de mentionner le MVOL3, qui est un contrôle de volume développé en interne par Moon, et qui en est à sa troisième réitération :

« Le contrôle de volume M-VOL3 utilise des semi-conducteurs encore plus performants que la conception précédente utilisée dans le 740P. Ces pièces n'existaient pas à l'époque. La différence  est très appréciable. Le reste du circuit du préamplificateur analogique est presque identique à celui du 740P. »

Habituellement, nous avons tendance à considérer que les appareils séparés qui ne font qu'une seule chose en particulier sont ceux qui sont les plus performants. Moon semble avoir adopté une approche audacieuse, en combinant trois unités différentes (si l'on considère le préamplificateur phono, il s'agit en fait de quatre unités) dans un seul châssis. Lorsqu'on leur demande comment ils envisagent d'obtenir des performances exceptionnelles, voici leur réponse :

« Le plus important est l'isolation galvanique interne entre l'ensemble de la section numérique et les sections analogiques. La différence est évidente. Bien sûr, il faut aussi des alimentations électriques complètement séparées pour chaque section. L'isolation des interférences électromagnétiques grâce à une disposition mécanique intelligente est également importante, tout comme dans l'ensemble de la conception globale. Il convient de noter que l'intégration présente également des avantages, notamment celui d'éviter de « sortir » de l'unité par un câble d'interconnexion et d'entrer ensuite dans un autre appareil. Cela évite les câbles, mais aussi les étages de sortie et d'entrée supplémentaires aux deux extrémités du câble, qui peuvent être inutiles dans un appareil intégré. Enfin, le niveau de sortie et l'impédance peuvent être aux valeurs optimales pour l'étage suivant. »

Voici un point intéressant qui éclaire le débat sur l'intégration et la séparation. Remarquez la partie concernant les étages de sortie et d'entrée. Bien que beaucoup essaient d'éviter de le reconnaître, il y a des cas où un niveau d'intégration plus élevé peut être bénéfique pour le chemin audio, et donc pour le signal. Moins d'étages dans le chemin audio et un meilleur contrôle de la façon dont ces étages fonctionnent et interagissent ensemble - c'est toujours une bonne chose.

En regardant de plus près le panneau arrière du 791, on s'aperçoit qu'il est possible d'y ajouter une fonction «outboard ». Il y a des prises pour brancher un bloc d'alimentation externe supplémentaire.

« Les 681, 791 et 891 permettent l'utilisation d'une alimentation externe. Le 820S déjà existant peut être utilisé, mais nous allons produire une nouvelle alimentation qui fera partie de la collection North, avec un look assorti. Nous préférons toujours affiner le produit avant de le mettre sur le marché. Les appareils concernés disposent de deux connecteurs différents : des connexions différentes pour des objectifs différents. L'un alimente la section numérique du produit, l'autre les sections analogiques. Les exigences pour chaque type de section ne sont pas les mêmes ».

Avant de passer au 761, voici encore quelques précisions sur notre source. Tout d'abord, Moon utilise un écran haute résolution, ce qui est un plus appréciable. Veuillez noter que vous aurez besoin d’un support relativement imposant, car les pieds du 791 sont plutôt espacés, et son chassis est également assez profond mais ce n'est pas surprenant à ce niveau de performance (et de prix). En ce qui concerne le menu et son fonctionnement, tout ce dont vous pourriez avoir besoin est là. Vous aurez la possibilité de basculer entre les sorties XLR et RCA. Vous pourrez également régler le niveau de sortie maximum, ce qui sera très pratique lorsque vous utiliserez le 791 avec un ampli de puissance. Comme Costa me l'a dit, la seule chose qui reste des précédents modèles Moon est le bouton de volume. Et à en juger par la sensation qu'il procure, c'est pour une bonne raison.

Ampli de puissance Moon 761

Cet amplificateur de puissance fait également partie de la collection North et se présente comme le partenaire idéal du 791. Si l'on considère sa position dans l'ensemble de la gamme des produits Moon, il est nettement dans le haut du panier. En effet, il n'y a que deux modèles au-dessus de lui : le Moon 861, qui est un amplificateur de puissance encore plus grand, également nouveau et issu de la North Collection. Puis les monoblocs 888, un tour de force ultra haut de gamme, situé tout au sommet de la hiérarchie d'amplification de Moon.

Pourtant, le 761 n'est pas en reste, avec son poids de plus de 35 kg - grâce à sa construction double mono avec des transformateurs toroïdaux séparés de 800 VA, un pour chaque canal, soutenus par une capacité de filtrage de plus de 152 000 uF. Cela se traduit par une puissance de 200 W par canal sous 8 ohms, avec la possibilité de doubler cette puissance lorsque l'impédance tombe à 4 ohms. Cela en dit long sur les capacités actuelles du 761 et devrait lui permettre d’alimenter presque toutes les enceintes du marché actuel, y compris certains modèles planaires plus ésotériques.

Cet amplificateur de puissance est également symétrique jusqu'aux étages de puissance, ce qui correspond à la topologie de la plupart de ces appareils. Il devient entièrement symétrique - avec des sorties flottantes (la borne de sortie négative est donc également active, au lieu d'être connectée à la terre) - en mode ponté. Il dispose également d’un commutateur DC/AC qui peut être utilisé lorsque le 761 est connecté à un ancien préamplificateur ou à une source qui peut avoir un petit contenu DC sur ses sorties (qui serait amplifié à des niveaux beaucoup plus élevés qui pourraient causer des problèmes du côté de l’enceinte).

Comme le 791, le 761 utilise de nombreuses technologies développées en interne par Moon. Prenons par exemple le MDCA (MOON Distortion Cancelling Amplifier). Il s'agit d'une solution complexe avec des circuits avancés qui corrigent les erreurs en temps réel. L'ensemble du circuit est également dépourvu de toute rétroaction négative globale ou locale. Moon utilise des transistors de sortie personnalisés qui sont fabriqués avec des tolérances très strictes et adaptés en usine pour atteindre le dernier degré de performance sonore.

De toute évidence, il y a beaucoup à dire sur le 761 et l'amplification Moon en général. C'est pourquoi nous fournirons bientôt une suite à cet article avec un aperçu de la technologie de la société canadienne qui est largement utilisée dans sa nouvelle collection North. Mais pour l’instant, passons au sujet que tout le monde attend.

Moon 791 - le son

Tout d'abord, permettez-moi d'être parfaitement clair sur un point. Le Moon 791 est évidemment loin d'être abordable. Mais après avoir écouté quelques morceaux connus sur un système correctement rodé, il est facile de remarquer ses prouesses sonores. En d'autres termes, il suffit d'un court instant pour se rendre compte que cet appareil appartient en fait aux rangs les plus élevés et qu'il mérite pleinement une désignation haut de gamme. J’ajouterais également que plus on écoute le 791, plus on apprécie sa sonorité. En outre, par souci de clarté - comme je l'ai déjà mentionné, j'ai écouté le Moon 791 à la fois comme unité autonome et en combinaison avec l'amplificateur de puissance 761. Vous trouverez plus loin d'autres commentaires et conclusions sur les séances d'écoute de l'ensemble de la combinaison, donc si vous n’êtes intéressé que par le 761, n'hésitez pas à passer directement à la section suivante.

Alors, comment sonne ce Moon 791? Si je devais décrire le son du 791 en quelques mots, ce serait : organique, enveloppant et en même temps précis et sans retenue. Sur le morceau "Giorgio by Moroder" (album "Random Access Memories" des Daft Punk et de Giorgio Moroder), on perçoit instantanément sa tonalité riche qui va de pair avec une grande force dynamique. Une autre chose devient également évidente sur l'ensemble de l'album "Random Access Memories" : alors que le son est luxuriant et rempli de strates et de paysages sonores tridimensionnels, il se targue également d'une précision naturelle que l'on trouve rarement, mais qui est pourtant très recherchée par de nombreux auditeurs expérimentés. Le Moon 791 n'attire pas l'attention sur ses capacités de résolution, vous n'avez jamais l'impression qu'il est trop analytique, pourtant toute la résolution est là. Elle ne se manifeste simplement, pas de manière grossière, et ce n'est pas pour le plaisir d'en mettre plein la vue.

C'est ce genre de précision qui semble toujours détendue, mais qui ne cesse d'étonner lorsque le répertoire l'exige. En d'autres termes, Moon a cette capacité innée de faire briller la lumière sans paraître surexposé. Permettez-moi de faire une analogie avec les ampoules LED. Certaines d'entre elles clignotent en raison de leurs régulateurs PWM, mais même si vous ne le remarquez pas, la lumière n’est pas naturelle à 100 %. D'une certaine manière, vous sentirez qu'il y a quelque chose qui cloche. Il existe des modèles moins courants qui ont une régulation presque plate, sans scintillement. C'est le cas du 791 - la lumière est naturelle. Il n'est pas nécessaire d'être à pleine luminosité pour tout montrer. Je parle également de l'équilibre tonal général et du timbre. L'adjectif que j'ai utilisé deux phrases plus haut - naturel - me vient instantanément à l'esprit.

Sur "Says" de Nils Frahm, une vibration très spécifique de l'enregistrement apparait dès les premières notes. Le 791 séduit dès le début, et entraîne dans la musique sans causer de fatigue à long terme (à condition que l'ensemble du système ait des capacités égales). Sur l'ensemble de l'album "Spaces" de Frahm, la capacité du 791 à transmettre les passages plus forts et plus calmes avec le même pouvoir de résolution est évidente. J’ajoute à cela une autre constatation - peut-être la plus importante ici, compte tenu de l'ensemble de l'image sonore : le Moon 791, tout en ne sonnant pas excessivement chaud, sursaturé ou tubulaire en aucune façon, a une capacité presque surnaturelle à transmettre des émotions.

C'est quelque chose qui m'a fait réfléchir pendant un certain temps et qui m'a conduit à une découverte intéressante. Ce talent est souvent associé à certains amplificateurs à tube ésotériques de type triode single ended. Or, le Moon 791 a une chose en commun avec ces derniers : il s'écarte simplement du chemin et laisse la musique couler. L'empreinte laissée par le 791 est à la fois très discrète et pratiquement imperceptible sans de sérieuses comparaisons. Il peut sembler chaud, mais c'est le genre de chaleur associée à l'absence de divers mécanismes de distorsion plutôt que d'être sursaturé en soi.

C'est ce qui ressort clairement de la chanson d’ouverture de la bande originale de Magnolia interprétée par Aimee Mann. Elle commence par la voix seule, qui est rendue de manière très précise, puis la suite d'instruments qui l'accompagne commence son travail. Le Moon a montré qu'il pouvait sonner concentré dans l'intro et captivant par la suite. Et tout cela sans le moindre signe de perte de sang-froid. Non seulement le Moon n'est pas gêné par la complexité du matériel, mais il conserve son enthousiasme et son envergure même avec la musique la plus complexe. Qu'il s'agisse de musique classique, de pop, de rock ou de quoi que ce soit d'autre, il ne se laisse pas déconcerter.

Et puis il y a la scène sonore que le 791 est capable de projeter. Elle n’est pas seulement énorme, que ce soit en largeur ou en profondeur, et tridimensionnelle, elle est également enveloppante, parce que naturelle et captivante. Cela a probablement un lien avec l'implémentation du moteur de décodage numérique MDE-2 du Moon. Ce que je veux dire par là, c'est que si la scène sonore générée par le 791 est massive et enveloppante, elle présente également deux caractéristiques moins communes. Elle fournit des images stéréo transparentes et éthérées sans jamais sonner figée. Il n'y a pas non plus ce glaçage artificiel, probablement numérique, dont on se rend vite compte qu'il fait partie de beaucoup d'autres systèmes numériques. Et je ne parle pas du son dur en soi, mais du manque de plasticité et de vivacité des images tridimensionnelles projetées sur la scène sonore.

"Pajarito Colibrí" de Natalia Lafourcade a été restitué avec une spatialité très plausible et beaucoup d'air autour des instruments, qui avaient en même temps une présentation très naturelle et réaliste. C'est également la musique acoustique - avec de vrais instruments - qui ont confirmé la compétence du Moon, non seulement en termes de neutralité et de transparence, mais aussi de sensibilité aux changements de timbre. C'est une autre caractéristique de la présentation sonore du 791 - sa capacité à sonner à la fois texturé et sensible aux changements de tonalité les plus subtils. C'est un autre élément qui prouve son aptitude à figurer des paysages sonores luxuriants et abondants avec transparence.

Préamplificateur et étage phono

N’oublions pas que le 791 est non seulement un lecteur réseau et un convertisseur numérique-analogique, mais aussi un préamplificateur avec un étage phono intégré. Examinons donc d'abord les capacités du préampli. Si quelqu'un pense que cette partie a été ajoutée pour n'être qu'une fonctionnalité additionnelle qui pourrait devenir un argument de vente supplémentaire, il devrait revoir son hypothèse. Le préamplificateur du 791 n'est pas seulement extrêmement silencieux, il est aussi (presque - j'y reviendrai dans une seconde) invisible sur le plan sonore. J'ai connecté au 791 d'autres sources très diverses - allant du très bon marché au haut de gamme -  et j’ai été frappé par deux choses. À chaque fois, j'ai écouté le son de l'appareil connecté, et non celui des Moons. Et dans certains cas, il était préférable de désactiver le contrôle du volume de cet appareil, de le faire passer par le Moon 791 et d'utiliser son réglage MVOL3.

En d'autres termes, les capacités du préampli sont sérieuses. Et j'ai le sentiment très fort que les auditeurs qui auront en réalité besoin d'un préamplificateur à plus haute résolution décideront de toute façon d'opter pour des éléments séparées. Et ils n'obtiendront peut-être pas de gains significatifs dans ce domaine, à moins d'opter pour un équipement vraiment ésotérique. Ce qui est également important ici, c'est que la signature sonore du préampli, qui est neutre, transparente mais pas sèche, l'aide naturellement à rester aussi invisible que possible. Et le fait qu'il soit doté d'un très bon contrôle de volume, bien pensé, est évidemment une autre vertu à prendre en compte.

Par ailleurs, l'étage phono du 791 est vraiment très bon sur le plan sonore. Même si je pense qu'il n'est pas au niveau du préamplificateur - qui est extraordinairement bon - il est clairement meilleur que ce que l'on peut attendre d'un appareil « intégré ». Je dirais qu'il est au même niveau que les préampli phono séparés qui coûtent dans les 3000€ (ou USD, selon l'endroit où vous vous trouvez). La section phono est également très élaborée en termes de réglages. En effet, il est possible de sélectionner non seulement l'impédance pour les cellules à aimant mobile, la capacité pour les cellules à bobine mobile, mais aussi la courbe d'égalisation (RIAA ou IEC) et le gain.

Moon 791 avec l'amplificateur de puissance 761

C'est ici que les choses deviennent encore plus intéressantes. Permettez-moi d'inverser la chronologie normale et de commencer par une conclusion qui était inévitable après quelques jours d'écoute de la combinaison de 791 et 761. Et j'entends par là l'écoute d'un matériel très varié, allant de la musique expérimentale et électronique, en passant par la pop, le rock, le classique et se terminant par les invités habituels de mes playlists. En résumé : si quelqu'un qui pense s’offrir le 791 a également besoin d'une nouvelle amplification, alors le 761 devrait être tout en haut de la liste. Même ceux qui préfèrent la sonorité corsée de certains gros amplificateurs de puissance à tubes devraient auditionner le 761. Car même s'ils décident d'emprunter une autre voie, la rencontre avec le 761 sera très instructive - et c'est le moins que l'on puisse dire.

Avant cet examen, j'ai écouté deux amplificateurs intégrés Moon - le 600i V2 d'abord, et un peu plus tard le nouveau modèle d'entrée de gamme 250i V2. Bien qu'ils soient tous les deux très bons dans ce qu'ils font, j'ai la forte impression qu'en ce qui concerne le nouvel ampli de puissance du fabriquant canadien nous passons à un tout autre niveau. La première chose que j'ai remarquée, c'est la transparence et la spatialité du son. Cela n'était pas seulement apparent sur des albums comme "Convergence" de Malia et Boris Blank, mais s'est également révélé à des occasions complètement inattendues, lors de l'écoute à des niveaux de fond.

Ce qui est intéressant avec le 761, ce n'est pas seulement la transparence et l'incroyable réalisme sonore qu'il est capable de véhiculer. Ce qui est plus intéressant ici, c'est qu'il ne sonne pas sec ni avec trop de saturation. Je pense que cela va dans le sens de l'attitude de Moon qui consiste à fournir une amplification aussi propre que possible, compte tenu du prix budgété et des possibilités technologiques. Ce que je veux également dire par là, c'est que cette caractéristique du 761 permettra d'ajuster le résultat final avec les enceintes. En effet, la combinaison des 791 et 761 sera transparente et neutre en premier lieu. Le reste dépendra du choix des enceintes, de la pièce (et de son traitement) - et de bien d'autres choses que je ne mentionnerai pas ici. La combinaison du 791 avec l'amplificateur de puissance de la même collection présente une tonalité réglée sur neutre et, je crois que ce n'est pas une pure coïncidence, mais plutôt une décision consciente qui, à son tour, permet à l'heureux propriétaire de ce duo d'avoir une sélection aussi large que possible de résultats sonores éventuels. Et si la transparence est votre truc, alors vous serez vraiment à l'aise avec le 761.