Banc d'essai MOON North 791 / SoundStage Hifi / 1 décembre 2023

SoundStage Hifi

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Verdict

Le 740P était le préamplificateur audiophile idéal pour son époque. Le streaming musical haute résolution n'avait pas encore envahi la sphère audiophile, les DAC et la technologie numérique évoluaient fréquemment, et personne ne savait ce qu'il adviendrait de la résurgence du vinyle. Pour un audiophile de l'époque, un préamplificateur de niveau supérieur avait toute sa raison d'être. Un étage phono, un DAC ou un streamer, si nécessaire, pouvaient toujours être ajoutés en tant qu’éléments séparés.

Le Moon 791, riche en fonctionnalités, fait sens aujourd'hui car le streaming musical hi-rez est très répandu parmi les audiophiles, les technologies de DAC et d'interface numérique ont mûri, et le vinyle semble être là pour durer. Simaudio a pris le 740P à hautes performances, à faible bruit et sans distorsion, a peaufiné ses performances à la perfection et l'a développé en ajoutant un étage phono, une section DAC et un module de streaming de haut niveau, ainsi qu'une foule de connexions numériques avec ou sans fil. Ces capacités supplémentaires ne doivent pas être prises à la légère et ne doivent pas être considérées comme facilement remplaçables. Surtout, ne vous attendez pas à trouver un étage phono ou un DAC séparé, quel qu'en soit le prix, qui soit plus performant que ceux intégrés dans le 791.

Malgré son étage phono, sa section numérique et sa connectivité sans fil, des caractéristiques connues pour générer du bruit dans un système et dont le 740P était dépourvu, le 791, d'après ce que j'ai pu constater, est au moins aussi silencieux que le 740P l'était. Le fait qu'il parvienne à fournir un gain supérieur à celui du 740P sans pénaliser les performances est louable. Bien qu'il soit considérablement plus cher que le 740P, le Moon 791 plaira à l'audiophile exigeant qui veut un préamplificateur sans compromis qui peut facilement répondre aux besoins de lecture d'aujourd'hui et des années à venir.

Il y a dix ans jour pour jour, je publiais une critique du préamplificateur Moon Evolution 740P sur ce site. J'ai été tellement impressionné par le 740P que je l'ai gardé dans mon système bien après la période de test, jusqu'au début de cette année. Le moment était donc bien choisi pour examiner son successeur récemment sorti, le préamplificateur 791, qui fait partie de la nouvelle collection conçue par Moon, appelée North. Pour avoir une vue d'ensemble, un bref aperçu du 740P s'impose.

Le 740P était un préamplificateur, exclusivement. Il offrait une commutation d'entrée pour les sources analogiques symétriques et asymétriques, un gain pour tous les signaux entrants et le contrôle du volume. Bien que ses fonctionnalités aient été limitées, ses performances lui ont permis de se démarquer. Il était bien construit et très silencieux. Même avec le bouton de volume en position maximale, il n'ajoutait pratiquement aucun sifflement, bruit ou distorsion au signal audio. Simaudio a utilisé son circuit de contrôle du volume M-eVOL2 dans le 740P, qui avait une correspondance précise entre les canaux gauche et droit et un contrôle fin du volume : 530 pas, avec des incréments de 0,1dB aux niveaux supérieurs. Le bouton de volume lui-même était également remarquable. Il était d'un poids rassurant et tournait avec juste ce qu'il fallait d’inertie.

MOON North 791

Le 740P était un excellent préamplificateur. Il n'est pas étonnant qu'il soit resté si longtemps dans la gamme Simaudio. Son remplaçant, le 791, est arrivé plus tôt cette année avec le reste de la collection North. La première chose que j'ai remarquée, c'est l'augmentation significative du prix : le 740P était à 9500 $ juste avant d'être discontinué ; le 791 est à 16 000 $ (tous les prix sont en USD sauf indication contraire). Mais cette disparité de prix s'accompagne de la promesse de meilleures performances et d'un plus grand nombre de fonctionnalités. Attachez vos ceintures. Il y a bien des choses à dire sur le 791.

Caractéristiques physiques et affichage

Le 791 est très similaire au 740P en termes d'apparence et de taille : 10,23cm de haut (avec les pieds), 45,72cm de large et 44,85cm de profondeur. Son châssis entièrement métallique le rend lourd pour un préampli (plus de 13 kg) mais très robuste. Comme pour le 740P, les panneaux du 791 sont principalement recouverts d'une couche de poudre noire mate, avec des touches d'aluminium massif : des poteaux d'angle, une plaque supérieure gravée du logo de Simaudio, et deux "joues" - comme dirait Simaudio - orientées vers l'avant. Simaudio a délibérément limité les changements esthétiques au minimum. Plus tôt ce printemps, lors du tournage d'une vidéo sur la collection North pour notre chaîne YouTube, Dominique Poupart, le directeur des produits de Simaudio, m'a dit qu'avec la ligne North, ils voulaient mettre à jour la signature stylistique de l'entreprise, et non l’abolir.

À l'exception du très apprécié potentiomètre de volume, selon Poupart, aucun élément du 740P n'a été repris tel quel dans le 791. Parmi ces changements, les plus remarquables sont les parties supérieures inclinées des joues et la section centrale de la face avant, qui donnent au 791 une allure quelque peu sportive. Ces joues ont également été élargies pour s'arrondir dans les coins. Une autre modification notable concerne les pieds métalliques coniques dont sont équipés les deux modèles. Sur le 791, ces pieds intègrent un système de suspension à base de polyuréthane et se terminent par de petits amortisseurs en plastique, offrant ainsi une assise plus souple et une meilleure isolation mécanique par rapport à la surface sur laquelle il repose.

Les panneaux avant et arrière ont également changé, ce qui laisse présager des nouveautés à l'intérieur. Par exemple, l'écran LED à points rouges du 740P a été remplacé par un écran couleur de 10,9cm. Entre autres choses, ce dernier affiche l'entrée sélectionnée et le niveau de volume, comme le faisait l'écran du 740P, mais également les illustrations des albums écoutés et les informations sur les pistes - lorsque l’appareil est positionné sur l'entrée streaming MiND 2. (La plateforme MiND 2 de Simaudio - Moon Intelligent Network Device - se compose d'un module de streaming et d'une application de contrôle. Nous y reviendrons plus tard) Le 740P n'avait pas de connectivité réseau ni de faculté de streaming.

Comme avec le 740P, l'écran est également utilisé pour programmer les nombreuses options de configuration du 791 via une interface qui fonctionne en conjonction avec le bouton de volume et les boutons-poussoirs du panneau avant. Les options de réglage du 791 sont beaucoup plus nombreuses que celles du 740P, et le nouvel écran, plus grand, facilite la navigation. La possibilité de renommer les entrées permet de les identifier de manière plus intuitive sur l'écran et dans l'application MiND Controller, et l'option permettant de réduire la liste des entrées sélectionnables aux seules entrées utilisées facilite notablement leur défilement.

North 791

L'interface affichée à l'écran permet également de configurer une connexion réseau Wi-Fi si vous détestez les longs câbles, comme c'est mon cas, et de télécharger et d'installer les mises à jour du micrologiciel au fur et à mesure que Simaudio les met en place. (C'est d’ailleurs arrivé pendant la période de test).

Circuits et contrôle du volume

Le 791 utilise des circuits entièrement symétriques pour réduire au maximum le bruit et la distorsion, comme le faisait le 740P. Simaudio annonce des rapports signal/bruit de 120 dB pour les entrées analogiques et de 125 dB pour les entrées numériques. La distorsion harmonique totale, le bruit et la distorsion d'intermodulation pour les entrées analogiques et numériques sont évalués à seulement 0,0004 % et 0,0003 %, respectivement. Le gain global de 6 dB par défaut du 740P a été porté à 10 dB avec le 791, avec une augmentation négligeable du bruit, selon M. Poupart.

Comme le 740P, le 791 permet d'ajuster individuellement le gain des entrées pour obtenir un niveau de volume cohérent pour chaque source. Le réglage du gain peut également être utilisé pour optimiser les performances du 791 et de l'ampli de puissance qu'il pilote dans le système, en termes de bruit et de distorsion. La plage de décalage du gain n'est pas spécifiée, mais elle a été mesurée par notre spécialiste des mesures électroniques, Diego Estan, comme étant comprise entre -6dB et +14dB. Deux autres réglages essentiels à la sécurité du système sont disponibles : le volume de démarrage et le volume maximum. Un mode de dérivation home-cinéma, qui relègue le contrôle du volume à un récepteur A/V séparé ou à un processeur home-cinéma, est également disponible.

Bien que le bouton de volume du 791 soit le même que celui du 740P, sa fonctionnalité et le circuit qui le commande (désormais appelé M-VOL3) ont changé. Comme indiqué ci-dessus, le bouton de volume du 740P comportait 530 niveaux : de 0 dB à 30 dB, les niveaux étaient des incréments de 1 dB, et de 30 dB à 80 dB, ils étaient des incréments de 0,1 dB lorsque le bouton de volume était tourné lentement, et des incréments de 1 dB lorsqu'il était tourné rapidement. La commande de volume du 791 comporte moins de paliers, seulement 140, avec des incréments plus grands à des niveaux plus élevés : de 0 dB à 20 dB, les paliers sont de 1 dB, de 20 dB à 80 dB, ils sont de 0,5 dB ou de 1 dB - encore une fois, selon la vitesse à laquelle le bouton de volume est tourné. J'ai demandé à Poupart la raison de ce changement. Il a expliqué que même si les incréments de 0,1 dB plaisaient aux inconditionnels de la précision, pour la plupart des utilisateurs, le changement était trop subtil. Ils ne pouvaient pas faire la différence. Diego est du même avis. Lorsqu'il a essayé le 740P dans son système, le pas de 0,1 dB était trop petit pour qu'il puisse le discerner. Pour ma part, je l'ai vraiment apprécié. Je suis un fanatique de la précision. Mais je dois dire que le pas de 0,5 dB du 791, même s'il n'est pas aussi précis, fonctionne parfaitement. Je ne me suis jamais trouvé dans l'incapacité de régler le niveau de volume de manière appropriée.

Le contrôle du volume du 791 est complété par la télécommande qui l'accompagne, la nouvelle BRM-1 de Simaudio. Cette télécommande se connecte au 791 via Bluetooth. Elle passe en mode veille lorsqu'elle n'est pas utilisée, mais se réactive lorsqu'on la touche, et se recharge grâce à un port USB-C situé sur sa face inférieure. Le bouton de volume du BRM-1 est en fait une bague à rotation douce avec une excellente sensation tactile qui imite le comportement du bouton sur le panneau avant (bien qu'il lui manque cette impression de rotation libre). Cette bague entoure un écran tactile fixe qui affiche au centre le niveau de volume ou, alternativement, l'entrée active. Une brève pression permet de basculer entre le mode volume et le mode entrée. Un appui long permet d'accéder à quelques fonctions supplémentaires. En périphérie de l'écran se trouvent quatre boutons virtuels qui remplissent des fonctions communes : lecture/pause, avance, retour et sourdine.

North 791

 

La forme ovale et compacte de la télécommande BRM-1 tient bien dans la main et a l'air - et est - à des années-lumière de la télécommande de type baguette à boutons-poussoirs qui était fournie avec le 740P. Simaudio n'est pas le premier à intégrer un bouton de volume sur une télécommande, mais celui qui se trouve sur la BRM-1 est plus agréable à utiliser et fonctionne mieux que n'importe quelle autre télécommande que j'ai essayée.

Connectique

Le panneau arrière du 791 est plein à craquer. Vous y trouverez toute une série d'entrées numériques que le 740P n'avait pas - le 740P n'avait pas de DAC intégré, le 791 en a un. C'est pour cette section numérique, la plate-forme MiND 2 et les connexions réseau que Simaudio appelle le 791 et son grand frère, le 891 (25 000 $), des préamplificateurs réseau.

L'ensemble des entrées numériques du panneau arrière comprend deux S/PDIF coaxiaux (RCA), deux S/PDIF optiques (TosLink), un AES/EBU (XLR), un USB Audio (Type B) et un HDMI ARC.
Deux ports Ethernet (RJ-45) permettent une connexion filaire à un routeur ou à un périphérique NAS. Pour la connectivité sans fil, les technologies Wi-Fi et Bluetooth sont prises en charge (deux antennes sont fournies et se fixent sur le panneau arrière). Les formats PCM et MQA jusqu'à 384 kHz et DSD  sont pris en charge sur l'entrée audio USB et par le biais du streamer MiND 2. Quant aux autres connexions, elles prennent en charge la lecture en résolution inférieure, comme indiqué dans le manuel d'utilisation. Il est également possible de connecter un périphérique de stockage externe au port USB-A situé sur le panneau arrière.

MOON 791

La section numérique du 791 n’est définitivement pas improvisée. Elle intègre la technologie DAC MDE-2 de Simaudio, qui est basée sur une puce ESS et s'appuie sur les développements utilisés dans les célèbres streamers DAC 680D et 780D v2 de la marque (10 500 $ et 18 000 $ à l’époque où ils étaient encore disponibles). Le 791 combine la puce DAC phare d'ESS Technology, l'ES9038PRO 32 bits, avec un FPGA personnalisé qui permet un reclockage précis. La section numérique du 791, selon M. Poupart, est supérieure à celle du lecteur réseau / DAC Moon 681, également présent dans la collection North (12 000 $).

Le 740P avait trois jeux d'entrées asymétriques (RCA) et deux jeux d'entrées symétriques (XLR) ; le 791 n'a que deux jeux d'entrées asymétriques (RCA) et un jeu d'entrées symétriques (XLR), ce qui est probablement suffisant dans la plupart des configurations. L'étage phono du 791 est compatible avec les cellules à aimant mobile (MM) et à bobine mobile (MC). L'étage phono est relié à la paire gauche d'entrées analogiques asymétriques (une borne de mise à la terre se trouve à moins d'un centimètre de la paire) et peut être configuré comme MM ou MC via le menu à l'écran. Si vous n'avez pas besoin de l'étage phono, vous pouvez configurer cette paire pour des sources analogiques de niveau ligne.

L'étage phono du 791 est réglé en usine avec un gain, une impédance et une capacité standard pour chaque type de cellule. Par exemple, 40 dB de gain pour une cellule MM et 60 dB pour une MC. Ces réglages par défaut sont affichés dans le mode Basique du menu de configuration de l'entrée phono. En mode avancé, ils peuvent être modifiés, de même que la courbe d'égalisation. Tout comme sa section numérique, l'étage phono du 791 est bien pensé et bien réalisé. En effet, Simaudio a été salué au fil des ans pour les performances et la configurabilité de ses étages phono.

MOON 791

Une différence importante entre le 740P et le 791 concerne les sorties fixes et variables. Le 740P disposait d'une paire de sorties symétriques (XLR) variables et de deux paires de sorties asymétriques (RCA), l'une à niveau fixe et l'autre à niveau variable. Le 791 simplifie les choses : il dispose d'une paire de sorties symétriques (XLR) et d'une paire de sorties asymétriques (RCA) qui peuvent être configurées indépendamment pour être à niveau fixe ou variable. La plupart des gens utilisent la sortie variable ; c'est aussi mon cas. Mais pour ceux qui ont l'intention d'utiliser la sortie à niveau fixe, une mise en garde s'impose : le réglage de la sortie à niveau fixe signifie que vous émettez un signal avec le volume à fond, alors n'oubliez pas de baisser d'abord le volume de l'appareil connecté, car dans le cas contraire, vous risquez de faire exploser vos enceintes.

Enfin, comme le 740P, le 791 dispose de connecteurs de type XLR pour ajouter une alimentation externe. Séparer l'alimentation des autres circuits peut potentiellement augmenter les performances. Mais étant donné la qualité des performances du 791, je doute que cela améliore ses performances de façon notable.

Configuration

Le système dans lequel j'ai installé le 791 a été décrit dans l'article "System One" du mois dernier, qui portait sur les enceintes Estelon Aura. Au moment de la rédaction de cet article, j'ai envisagé d'installer le 791 dans ma salle de référence, mais j'ai finalement décidé de le garder dans mon salon, où je dispose d'une platine, de deux amplis et d'une bonne connexion Wi-Fi, ce qui me permet de mieux le mettre à l'épreuve. L'évaluation prochaine de l'amplificateur de puissance Moon 761 aura probablement lieu dans ma salle de référence, où il pourra être mis à l'épreuve de manière adéquate dans un espace plus grand et avec différentes paires d’enceintes.

Comme je l'ai décrit dans mon article "System One", j'ai installé le 791 avec deux sources de Pro-Ject : un lecteur CD Box S3 et une platine X1 avec une cellule à aimant mobile Pick it S2.
Les câbles d'enceintes étaient des Nirvana S-L, les câbles de liaisons analogiques des XLO DNA, et les câbles d'alimentation les câbles d'origine pour tous les appareils. Le tout était branché dans un distributeur Venom PS8 de Shunyata Research, relié à la prise murale par un cordon d'alimentation Venom HC.

J'ai utilisé un amplificateur de puissance NAD Masters M23 ($3750) pour voir comment le 791 se comportait avec un autre amplificateur que le 761. Le M23 dispose de trois niveaux de gain réglables par l'utilisateur : Low (19dB), Mid (23,9dB) et High (29,2dB). J'ai utilisé le réglage Mid. J'ai connecté le préampli au M23, puis au 761, avec des câbles XLO DNA symétriques. J'ai également utilisé un câble coaxial Furutech pour connecter la sortie coaxiale du CD Box S3 à l'une des entrées coaxiales du 791, afin de pouvoir utiliser le CD Box S3 comme moyen de transport.

Une autre chose non mentionnée dans mon article sur le "System One" concerne l'importance de connecter le 791 à un réseau lors de l'installation initiale, par câble ou sans fil, même si la diffusion de musique en streaming n'est pas au programme. La première raison est que Simaudio publie régulièrement des mises à jour du micrologiciel via l'internet. Ces mises à jour peuvent ajouter de nouvelles fonctionnalités et souvent améliorer les performances et corriger des bugs ; elles sont importantes. D'autre part, jusqu'à ce qu'une connexion réseau soit établie, le circuit Wi-Fi du 791 envoie continuellement un signal de balisage. Ceci ne peut pas être désactivé.

roon

Avant d'évaluer la qualité sonore de la lecture numérique avec le 791, je voulais d'abord évaluer la performance de son logiciel MiND 2 avec les services de streaming en ligne et les fichiers musicaux stockés localement.

Lorsque j'ai lancé l'application MiND Controller sur mon téléphone Android, elle a immédiatement trouvé le 791, qui avait déjà été connecté à mon réseau. Lorsque j'ai appuyé sur l'icône du 791, plusieurs options de streaming se sont présentées à moi : Spotify, Qobuz, Tidal, Deezer et HighResAudio. J'ai sélectionné Tidal, le service de streaming auquel je suis actuellement abonné, et je me suis connecté. Les podcasts et les stations de radio Internet ne manquent pas non plus, mais mon écoute critique de la musique en streaming s'est faite par l'intermédiaire de Tidal, que je trouve toujours fiable. J'imagine que Qobuz, qui est également populaire parmi les audiophiles, aurait tout aussi bien fonctionné.

North 791

J'ai rapidement appris qu'en plus de configurer le Wi-Fi via l'application MiND Controller, il est possible de contrôler le volume et d'activer la mise en sourdine. L'application MiND prend également en charge la lecture gapless, permet de créer des listes de lecture et affiche clairement les pochettes d'album, aussi bien dans l'application elle-même que sur l'écran du 791. Comme je l'ai mentionné, le MiND 2 prend en charge le PCM et le MQA jusqu'à 32 bits/384 kHz, ainsi que le DSD à quadruple débit. Donc, si vous avez l'intention de diffuser principalement à partir de l'un des services pris en charge, la plateforme MiND 2 de Moon vous sera utile. Elle est complètement intégrée au 791.

La lecture de fichiers locaux ne s'est pas déroulée aussi bien. J'ai branché le disque dur portable (SSD) où est stockée ma bibliothèque musicale sur le port USB-A à l'arrière du 791, mais le logiciel MiND 2 n'a pas semblé le reconnaître. Je ne sais pas pourquoi. Le manuel d'utilisation du 791 indique cependant que "la compatibilité n'est pas garantie avec toutes les marques et tous les modèles de clés USB, ni avec tous les systèmes de fichiers" et que "pour de meilleures performances et une meilleure expérience de navigation, utilisez un serveur DLNA sur un périphérique UPnP pour partager les fichiers sur un réseau".

Cependant, l'objectif premier du MiND 2 est de diffuser de la musique à partir d'un NAS et de services de musique en ligne. L'application MiND Controller peut même mélanger des pistes provenant de plusieurs serveurs locaux et en ligne dans une seule et même liste de lecture. Le module MiND 2 est également compatible avec Roon. Pour le tester, j'ai branché mon disque SSD sur un ordinateur exécutant le logiciel Roon dans une autre pièce. Pour ses fonctionnalités, sa facilité d'utilisation et la façon dont il fusionne les fichiers musicaux stockés localement avec les services de streaming, Roon est, selon moi, le meilleur logiciel pour les audiophiles. Il n'est cependant pas bon marché : l'abonnement à vie coûte 829,99 $, l'abonnement mensuel 14,99 $. Il nécessite également un ordinateur assez puissant pour fonctionner.

À ce stade, le 791 et l'ordinateur sur lequel tournait Roon étaient tous deux connectés au réseau via le Wi-Fi. Lorsque j'ai ouvert Roon pour lire des fichiers musicaux à partir de mon disque SSD, le 791 a été immédiatement identifié comme un appareil Roon Ready. En le sélectionnant, j'ai basculé l'entrée du 791 vers le streamer MiND, comme indiqué dans l'application MiND Controller.

J'ai d'abord joué des sélections de mon enregistrement WAV 16 bits/44,1 kHz de The Charity of Night de Bruce Cockburn (True North Records), qui a fonctionné sans problème. Ensuite, j'ai joué un remaster FLAC 24/96 de Road Apples des Tragically Hip (Universal Music Canada) - encore une fois, sans aucune difficulté. J'ai ensuite décidé d'essayer de jouer avec le MiND du 791 en lisant un fichier FLAC 24/192, une version de Carpenters avec le Royal Philharmonic Orchestra (A&M Records / Universal Music Enterprises). Une bande passante importante doit être maintenue à cette résolution ; le 791 et le serveur Roon se trouvaient à deux étages l'un de l'autre, dans des zones où le signal Wi-Fi est faible. La lecture s'est à nouveau déroulée sans problème. J'ai également lu une version DSD64 (DSD à taux unique) de l'album Girl Talk du Holly Cole Trio (Alert Records / 2xHD) sans problème. Avec cet album, j'ai remarqué que Roon et l'application MiND Controller indiquaient qu'un fichier DFF DSD64 natif était transmis et reçu, ce qui prouve que le logiciel MiND 2 prend bien en charge le DSD. Malheureusement, je n'avais pas de fichier DSD256 (DSD à quatre taux) sous la main et je n'ai pas pu tester la gestion par le système de ce format audio haute résolution.

Le fait que l'application MiND Controller affiche la résolution DSD est une indication de la solide compatibilité entre Roon, MiND 2 et le 791.
Le fait que Roon transfère également le visuel de chaque album sur l'application MiND Controller et sur l'écran du 791 en est une autre. Cette interaction va au-delà du partage des informations de lecture : un changement de volume dans Roon est synchronisé avec l'application et le 791 avec un décalage minimal. J'ai également remarqué que la fonction de saut de piste de la télécommande BRM-1 et de l'application MiND Controller était synchronisée avec celle de Roon. Enfin, j'ai découvert que lorsque le 791 est en veille, un signal audio provenant de Roon le relance et sélectionne automatiquement l'entrée MiND si une autre est sélectionnée, ce qui est très pratique.

Si vous souhaitez simplement diffuser en streaming à partir de l'un des services pris en charge, MiND 2 suffira. Mais si vous ambitionnez  bénéficier du nec plus ultra en matière de streaming numérique et de lecture de musique locale, Roon est tout à fait recommandable.

Le son

L'une des qualités exceptionnelles du 740P, comme je l'ai mentionné, est son silence. Naturellement, la première chose que j'ai faite une fois que les amplificateurs 791 et 761 ont été branchés et alimentés a été de sélectionner l'entrée analogique symétrique, qui n'était connectée à aucune source, de tourner le volume à fond et de coller une oreille à un tweeter. Ce que j'ai entendu était à peine audible, même à un ou deux centimètres du tweeter. En répétant cette expérience avec l'entrée analogique de droite (non phono), j'ai obtenu le même résultat.

Lorsque j'ai remplacé l'amplificateur NAD M23 et que j'ai réessayé, j'ai constaté que le niveau de bruit était tout aussi bas. (Pour tester la contribution du 791 au bruit dans cette configuration, Diego m'a suggéré de l'éteindre. Cela n'a eu pratiquement aucun effet sur le niveau de bruit. De toute évidence, le 791 n'ajoutait pratiquement aucun bruit). Lorsque j'ai essayé avec l'entrée phono, qui était configurée pour une cellule à aimant mobile avec le gain standard de 40 dB, j'ai remarqué plus de bruit avec les deux amplificateurs. Mais c'est ce à quoi on peut s'attendre avec un gain aussi important - 40 dB, c'est une multiplication par cent du signal audio ! Néanmoins, pour un étage phono, c'était très, très silencieux.

MOON 791

L'étage phono du 791 était également extrêmement neutre, ce que j'ai remarqué dès que j'ai joué Rumours de Fleetwood Mac (LP, Warner Bros. BSK 3010), puis à nouveau dans certains de mes autres albums testés habituellement. Des basses les plus profondes aux aigus les plus élevés, aucune partie de la bande sonore n'a semblé accentuée ou atténuée. Chaque album semblait parfaitement équilibré. Grâce à sa propreté et à son silence, l'étage phono du 791 a récupéré les moindres nuances de ces vieux pressages vinyles, ainsi que toutes les imperfections que la platine Pro-Ject X1 a pu détecter, les présentant toutes avec un relief audacieux.

En écoutant attentivement ces disques, j'avais le sentiment tenace que ma platine Pro-Ject X1, un appareil modeste coûtant 1400 dollars canadiens, était désespérément surclassée par l'étage phono du 791. J'avais l'impression que cet étage phono très silencieux et la section ligne presque muette du 791 pouvaient potentiellement révéler beaucoup plus de détails sonores que le Pro-Ject X1 ne pouvait en fournir. Je n'ai pas pu échapper à la conclusion, comme je l'ai laissé entendre dans mon article "System One", qu'il me faut maintenant trouver une platine qui corresponde mieux à mon système. C'est ce que je suis en train de faire, en évaluant le 791 avec des platines de meilleure qualité et de meilleures cellules. Les mises à jour de cette recherche feront probablement l'objet d'une rubrique "System One" au début de l'année prochaine.

North 791

En ce qui concerne la lecture numérique, il en va tout autrement. Je n'ai ressenti aucune limitation sonore, que ce soit en streaming depuis Tidal ou en lisant des fichiers musicaux depuis mon disque SSD via Roon. Le son était neutre sur toute la plage audible, ce que l'on attend de toute source numérique bien conçue, et il était d'une propreté spectaculaire, offrant la clarté nécessaire pour que chaque détail sonore soit transmis sans entrave aux enceintes. La clarté exceptionnelle de la section numérique du 791 et la pureté du son ont conféré une immédiateté séduisante à la présentation.

Un des morceaux d'évaluation que je préfère est "Pacing the Cage", sur l'album The Charity of Night de Bruce Cockburn. Chaque fois que j'écoute ce morceau, je concentre d'abord mon attention sur chacune de ses trois parties : la voix de Cockburn, sa guitare acoustique et la basse de Rob Wasserman. Avec des systèmes de haute qualité, ces parties ressortent distinctement à des endroits spécifiques de la scène sonore. C'est certainement le cas avec le 791, qu'il soit piloté par le 761 ou le M23. Ensuite, j'écoute si les interprètes sont bien délimités sur la scène sonore et si je peux entendre les nuances acoustiques subtiles de l'endroit où l'enregistrement a eu lieu. Avec le 791, c'est le cas. Mais ce que j'ai également remarqué, c'est la pureté du son, principalement dans les aigus et, dans une moindre mesure, dans les médiums. La guitare de Cockburn avait toute l'étincelle que je m'attendais à entendre et aucune des fragilités que j'ai entendues avec d'autres systèmes. J'hésite à utiliser le mot "doux" pour décrire ce que j'entendais, car pour certains audiophiles, ce terme implique une chute des hautes fréquences ou une atténuation des détails - il n'y avait rien de tout cela. La douceur, cependant, décrit bien le sens de clarté et de propreté impressionnants que le 791 a conféré à cette musique.

North 791

Le haut niveau de détail que le 791 a été capable de reproduire est un sujet que j'ai abordé dans mon article sur le "System One" : "Alors que nous jouions chaque chanson, nous nous sommes concentrés sur la voix de [Lana] Del Rey et nous avons été émerveillés par le niveau de détail qui émanait des Auras. Nous avons pu entendre les inflexions vocales les plus subtiles et les diverses astuces de studio utilisées pour renforcer le pouvoir émotionnel de la performance. Nous avons continué avec d'autres chansons et j'ai réalisé que je n'avais jamais entendu une lecture numérique dans mon salon aussi détaillée, aussi révélatrice". De loin, ces enregistrements sonnaient mieux qu'avec n'importe quel autre système que j'avais utilisé dans cette pièce ou même dans ma pièce de référence. Le 791 ne peut pas s'attribuer tout le mérite de cette qualité sonore - l'ampli, les enceintes et les connexions étaient tous de première classe - mais il y a contribué de manière significative.

Le fait d'entendre de tels détails en numérique m'a incité à sortir mon CD de l'album de 1989, Diamond Mine de Blue Rodeo (WEA CD 56268). Je l'ai chargé dans la CD Box S3, en l'utilisant comme transport de disque et en laissant le 791 convertir les bits. À ce stade, il alimentait l'amplificateur M23. Cette version canadienne originale de Diamond Mine comprend une piste inhabituelle d'une minute (intitulée "Percussive Piano" dans d'autres versions), que j'utilise depuis des années pour tester la capacité des appareils à révéler les détails. "Percussive Piano" ne contient rien de plus que de légers tapotements sur le corps d'un piano par le claviériste de l'époque, Bob Wiseman, et quelques frappes de touches. C'est très calme, presque lointain, comme si cela faisait partie de l'arrière-plan (une remastérisation de l'album en 2012 a considérablement augmenté le niveau) ; mais c'est là que réside son utilité. Dans les années 1990, certains lecteurs de CD et DAC étaient si peu capables de révéler les détails de bas niveau que cette piste sonnait souvent comme une minute de silence à des niveaux de volume normaux. Il fallait monter le volume à fond pour entendre quoi que ce soit. Au fur et à mesure que les lecteurs et les DAC s'amélioraient, les percussions du piano devenaient plus perceptibles, et lorsque les lecteurs et les DAC sont devenus vraiment bons, on a pu entendre les sons intermédiaires - c'est ce que le système 791-M23-Aura m'a permis d'entendre. Avec pratiquement aucun bruit obscur provenant de l'électronique, je pouvais tout entendre clairement, même à de faibles niveaux de volume.

J'ai vanté à maintes reprises la véritable absence de bruit du 791. Mais qu'en est-il du son ? Eh bien, il s'avère qu'il n'en a pas non plus. Qu'il s'agisse d'une lecture analogique ou numérique, le 791 n'a revendiqué aucun son, aucune coloration, aucun caractère propre. Il s'est simplement retiré du chemin et a transmis le signal musical, ce qui est exactement ce qu'un préamplificateur de haut niveau est censé faire.