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Verdict
Portant à un nouveau niveau l'attachement d'Andrew Jones à la conception de haut-parleurs coaxiaux, les SourcePoint 8 ont un punch surprenant pour une enceinte de taille relative, adaptée aux pièces de petites et moyennes dimensions. Associez ces enceintes élégantes et techniquement innovantes à un amplificateur compétent, et vous obtiendrez une écoute captivante par son immédiateté. Grâce à sa grande cohérence et à son rythme, vous ne pourrez pas vous arrêter de danser, du moins dans votre tête!
Le succès de l’enceinte conceptuelle SourcePoint 10 sous le bras, Andrew Jones et MoFi se lancent dans une itération plus compacte de son haut-parleur coïncident pour la SourcePoint 8. Lors d'un entretien avec le concepteur Andrew Jones au salon High End de Munich en mai 2023, ce dernier a plaisanté en disant que sa dernière enceinte pouvait être considérée comme la version « européenne » de sa plus grande SourcePoint 10. « Les gens étaient parfois décontenancés par sa taille - elle intègre un haut-parleur de 10 pouces après tout - si bien qu'il nous fallait proposer quelque chose de plus petit », explique-t-il. D'où la « plus discrète » SourcePoint 8, et sa version de 8 pouces du haut-parleur coaxial initial de 10 pouces de l'enceinte originelle.
La SourcePoint 10 n'est pas sans rappeler ces gros pick-up qui se vendent si bien aux États-Unis. Intéressante à regarder et très bien si vous êtes un propriétaire de ranch texan, mais lorsqu'elle est confrontée à la vie réelle, elle s'avère assez imposante pour les petites routes européennes, euh, les salles de séjour. Cela fait de la SourcePoint 8 un choix judicieux pour les audiophiles qui vivent de notre coté de l’Atlantique, bien qu'il faille se méfier des stéréotypes, car il y a probablement autant de d’habitants de la Grosse Pomme dans leur petits appartements new yorkais qui pourraient apprécier une SourcePoint 8 au format plus pratique.
Mais quel que soit le lieu dans lequel elle sera utilisée, l'une des trois finitions disponibles s'adaptera certainement à votre intérieur. Si vous recherchez un look minimaliste, la finition blanche satinée illustrée ici fera l'affaire, tandis que les placages en noyer et en frêne noir, de grande qualité, raviront les amateurs d’esthétique vintage.
Les passionnés qui connaissent déjà la SourcePoint 10 ne seront pas surpris par l'apparence de cette nouvelle venue. Les deux enceintes sont identiques, à l'exception, une fois encore, de leur gabarit. C'est comme si la SourcePoint 8 avait été rétrécie au lavage, tout en conservant ses proportions d'origine. Le haut-parleur coaxial lui-même est pratiquement le même. Ce fait est cependant astucieusement dissimulé, car son diamètre total n'est que de 8 pouces/200mm, comparé aux 10 pouces/254mm du SourcePoint 10 - inutile de se demander comment le nom de l'enceinte a été choisi. Jones a conservé le tweeter à dôme souple de 32 mm au centre tout en réduisant le bord du cône d'un pouce, réduisant ainsi le diamètre total de deux pouces. Le châssis du haut-parleur est nécessairement plus compact, mais l'aimant "Twin-Drive", censé réduire les distorsions, a été conservé.
Cette « miniaturisation » a moins d'impact sur la reproduction des basses fréquences que l'on pourrait croire car, comme l'explique Pete Miller dans sa présentation, la SourcePoint 8 a une sensibilité bien inférieure à celle de ses congénères de plus grande taille. La sortie, pour une entrée donnée, est négociée pour augmenter les basses, de sorte que les audiophiles vivant dans une petite demeure adoreront ces enceintes s'ils disposent d'un amplificateur suffisamment puissant.
Il est important de noter que la capacité de charge des SourcePoint 8 n'est pas « impossible à piloter », mais ma propre expérience suggère tout de même que le fait de disposer d'une certaine puissance d’amplification sera profitable lors de l’écoute. Dans mon cas, les SourcePoint 8 ont sans aucun doute été plus convaincantes avec l'amplificateur intégré Hegel H590 de 300W et le NAD C 298 de 200W qu'avec le plus ordinaire Yamaha R-N1000A dont je dispose actuellement.
Indépendamment de tout ce qui a été dit à propos de sa « petite taille », la SourcePoint 8 reste relativement massive pour un modèle bibliothèque sur pied, avec un volume et un encombrement tout à fait respectables. Il n'est pas nécessaire de dramatiser son poids, car ses 12,7kg sont tout à fait acceptables par rapport aux 18kg de la Reference 1 Meta de KEF, par exemple. MoFi propose un support dédié à trois pieds qui est équipé de plaques solides en haut et en bas, mais n'importe quel support de bonne qualité de 56cm d’envergure fera l’affaire. Ainsi, les SourcePoint 8 se sont installées à la perfection sur mes pieds Focal Kanta.
Succédant dans ma salle d'écoute à l'Epos ES14N, une enceinte d'inspiration rétro orientée vers l'arrière, la SourcePoint 8, à l'apparence plus rectangulaire, aurait pu être une expérience visuelle un brin ennuyeuse, si elle n'avait pas été dotée de son baffle si singulier. Merveilleux à regarder, ce déflecteur à facettes voit le haut-parleur monté au centre d'un octogone en forme de diamant. De mon point de vue (le canapé), cela donne aux SourcePoint 10 et 8 un look très particulier, sans être exagéré... ce qui est idéal, car il est très facile de se lasser des conceptions trop excentriques.
Cette conception esthétique est également une réussite sur le plan acoustique, car le baffle fait dépasser l'avant du haut-parleur des bords de l’enceinte. Si le baffle avait été en retrait, il aurait pu y avoir un problème de diffraction. Andrew Jones précise que, bien que les bords saillants aient été proposés par le designer industriel, et non par lui, il s'est avéré que l'impact mesuré sur les performances de l'enceinte était limité [mais il l'est moins lorsque la grille est en place].
De nombreux éléments contribuent ici à réduire les résonances indésirables de l'enceinte. En observant le haut de l'enceinte, on remarque que les côtés sont inclinés vers l'intérieur et que le panneau supérieur est incliné vers l’arrière : ces parois non parallèles empêchent les ondes stationnaires de faire leur méfait. À l'intérieur, le caisson bénéficie d’une construction en MDF de 19mm d’épaisseur et de deux renforts verticaux (il y en a trois à l'intérieur du SourcePoint 10), ce qui permet de maintenir la structure aussi rigide que possible et de minimiser les vibrations.
Il n'y a rien à redire sur la façon dont les SourcePoint 8 traitent la musique, présentant des morceaux complexes et densément mixés avec un haut niveau de cohérence, sans manquer de chaleur. Il y a également très peu de « déconstruction », ce qui est l'une des choses que j'apprécie dans les haut-parleurs à source ponctuelle/coaxiaux : vous n'êtes pas constamment interpellé par un instrument aux confins de la pièce, mais plutôt immergé dans l'ensemble de la performance.
Inversement, la SourcePoint 8 ne crée pas une scène sonore immensément étendue. Bien sûr, lorsque le classique disco I Feel Love de Donna Summer est en lecture, vous aurez toujours cet effet de synthétiseur exagérément panoramique d'un côté à l'autre, mais avec des enregistrements moins excentriques, la scène a tendance à être un peu plus concentrée à l’avant.
Cela en fait une enceinte très compétente, capable de jouer tous les types de musique avec une grande cohérence, tout en mettant l'accent sur le caractère ludique et engageante de l’expérience d’écoute. Les SourcePoint 8 montrent que si les haut-parleurs coaxiaux ont leurs inconvénients, Jones a raison de défendre leurs points forts. Son haut-parleur étaye le concept d'une enceinte « parlant d'une seule voix », même lorsque la distance d'écoute est assez limitée, de sorte que ces enceintes sont une option intéressante si vous recherchez une performance pleine et entière dans un espace est limité - ce qui ne veut pas dire qu'elles ne sont pas également capables de remplir une salle d'écoute plus grande.
Leur immédiateté s'est avérée bien adaptée à la voix rocailleuse de Mark Lanegan sur Bubblegum. Le bourdonnement des riffs de guitare sur « Hit The City » sonnait comme il se doit, dense et sombre, et j'ai été particulièrement impressionné par le rendu authentiquement profond de la voix si distinctive de Lanegan. De plus, il y avait suffisamment d'espace pour que les chœurs de PJ Harvey, qui altèrent légèrement les paroles originales, soient également mis en valeur.
La plupart des morceaux de cet album de 2004 de l'ex-chanteur de Screaming Trees sont improvisés et sombres, ce qui, j'ai remarqué, n’est pas toujours bien traduit par toutes les enceintes. Mais la SourcePoint 8 s'est montrée à la hauteur, offrant un équilibre parfait, ajoutant une touche de gravité à la ligne de basse et au chant du chanteur américain sur « One Hundred Days ». En plus d'être un vocaliste de premier ordre, Lanegan est un parolier habile et il était facile d’apprécier son talent tout en étant immergé dans ce riche bain sonore.
Sans surprise, et puisque les deux albums ont un ton similaire, l'excellent Push The Sky Away de Nick Cave And The Bad Seeds est tout aussi captivant. La plupart de la musique mentionnée ici a été écoutée en streaming via Roon, mais cet album est l'un de ceux qui se bonifient sur vinyle. Dès les premières notes du turgescent « We No Who U R », diffusées par une Pro-Ject X2 B, les enceintes de MoFi m'ont totalement immergé dans l'ambiance mélancolique que Cave dégage toujours - bien que ce set soit relativement optimiste comparé au carrément déprimant Skeleton Key qui a suivi plus tard!
On ne peut pas non plus critiquer la capacité des enceintes à communiquer le rythme et la cadence - ce qui est important pour tous les genres, mais sans doute encore plus lorsqu'on plonge dans les frontières entre le jazz et ce que les Occidentaux appellent avec désinvolture les « musiques du monde ». Beaucoup de ces sous-genres croisés sont explorés sur Jazz Is Dead 001, le premier disque de la série d'Adrian Younge et Ali Shaheed Muhammad, mettant les compositions de jazz moderne sous les feux de la rampe. La SourcePoint 8 a articulé la batterie décalée de « Distant Mode » et le saxophone alto en contrepoint de Gary Bartz sans sonner de manière confuse ou tout simplement erronée. L'enceinte réussit à maintenir les choses en place et à présenter des compositions difficiles avec clarté - elle a certainement maintenu la fluidité des rythmes de jazz funky de « Conexão » et m'a fait taper du pied.
Le fait que la SourcePoint 8 ne gonfle pas la scène sonore à une échelle épique, mais la maintient concentrée, est à son avantage avec la plupart des albums. En jouant de la musique un peu plus « en avant » - mais jamais de manière forcée ou fanfaronne - ces enceintes MoFi m'ont tenu en haleine, comme si j'étais proche de la scène. Et c'est exactement comme cela que le plaisir est au rendez-vous.