MOON by SIMAUDIO

Interview de Costa Koulisakis, directeur général de Simaudio, par StereoNet

«Je suis un peu fou, Dave !», me dit Costa Koulisakis de MOON, dans son accent canadien amical. Nous parlons de sa passion pour les platines cassette. Collectionneur avéré de Nakamichi, il confesse : «J'ai plus de deux douzaines de platines cassette haut de gamme qui sont optimisées à la perfection. Les meilleures ont au moins trois décennies. Ma platine préférée de tous les temps est la Nakamichi 1000 ZXL de 1980, mais je l'ai vendue car elle dépassait même mes capacités pour la garder parfaite. Aujourd'hui, j'adore mes Nakamichi ZX-9 et Aiwa F770 des années 80...».

On sent déjà sa passion pour la haute fidélité après à peine une ou deux phrases. Cela appuie son statut de directeur et co-propriétaire de Simaudio, la société qui possède la marque MOON - de la même manière que Matsushita est la société mère de Technics. Costa poursuit en me racontant comment tout a commencé: «Nous avons été fondés par Victor Sima - d'où provient le nom Simaudio. Il a émigré au Canada d'Israël et était un ingénieur du son qualifié. Quand il est venu au Canada, sa mission était de construire des produits audio de haute qualité - il n'a pas commencé cela simplement comme un hobby qui est devenu une entreprise, il l'a commencé comme une entreprise. Il était et est toujours un audiophile, il vit non loin d'ici et nous restons en contact. Il était convaincu qu'il pouvait construire un produit qui sonne mieux sans être trop onéreux.»

Costa est très empathique des qualités d'ingénierie de Victor. C'est important parce que le design des circuits imprimés étaient extrêmement bien conçus d'un point de vue technique. Il n'adhérait pas à la philosophie «Si cela sonne bien mais que les mesures ne suivent pas, alors on se fiche des mesures.» Victor n'était pas ce genre de personne, depuis le début il était convaincu du lien entre ce que l'on écoute et ce que l'on mesure. Une électronique peut bien sonner, mais ce n'est pas l'unique facteur dans l'équation. Peut-être qu'elle ne sera pas fiable dans le temps et sujette à des soucis prématurés.

«La qualité est la priorité. C'est l'argument numéro un depuis le tout début de notre entreprise, et oui, il était toujours très passionné par l'audio, mais il était également complètement déterminé à atteindre l'excellence technique. Cela continue d'être un élément clef de notre ADN aujourd'hui. Cela l'a poussé à développer, concevoir et créer de manières particulières sans être trop expérimental - comme la gamme d'amplificateurs Celeste dans les années 90, par exemple. Nous avons également été parmi les premiers à proposer des produits d'amplification sans boucle de contre-réaction globale.»

Il est transparent sur la ligne directrice de MOON. «L'une des choses que nous disons souvent aux gens est que nous sommes dans le camp des produits à semi-conducteurs, car si nous pensons que les conceptions à tubes sont bonnes pour créer un certain type de son, notre philosophie de conception est de reproduire le son de la manière la plus proche de ce qui a été enregistré - en d'autres termes - de manière aussi précise que possible. Nous comprenons qu'un son affiné au plus haut point peut être très agréable, mais notre philosophie est d'être totalement précise. Nous ne fabriquons aucun produit avec des conceptions de circuits de classe D, mais nous nous y sommes intéressés car il présente l'avantage de l'efficacité énergétique. Nous pourrions l'adopter sous une forme ou une autre à l'avenir, mais nous pensons toujours qu'il doit être encore affiné. Nous étudions ce que les autres ont fait, et nous avons fait beaucoup d'expérimentations nous-mêmes, mais nous n'avons pas encore atteint un niveau de performance qui nous convienne.»

Costa nous indique que la société n'est pas basée sur la technologie, mais plutôt sur les clients - tout le reste découle des clients satisfaits. «Laissez-moi développer cela», ajoute-t-il. «Il y a six ans, nous avons lancé une paire d'amplificateurs mono de référence appelés les 888. À ce jour, ils sont les amplificateurs les plus fins que nous ayons jamais fabriqués. La technologie de cette conception n'était pas vraiment différente de notre technologie globale de l'époque, mais elle était poussée à l'extrême. Nous avons supprimé toutes les contraintes de coût. La raison pour laquelle nous n'avons pas fait quelque chose de radicalement différent en termes de conception est que nous ne voulions pas faire du client le banc d'essai pour une nouvelle conception. Perfectionner une technologie qui est radicalement différente de ce que l'on fait traditionnellement peut prendre des années.»
«Les performances des 888 définissent ce que nous sommes - il s'agit tout d'abord de la qualité sonore, mais aussi de la fiabilité, de la qualité de fabrication, de la satisfaction client et de la fierté. La performance est plus que la simple sonorité, c'est ce que vous en utilisez, c'est l'expérience de l'utiliser et la satisfaction générale qui en résulte. Les clients d'aujourd'hui veulent le meilleur son, mais pas d'un produit dont les boutons de commande ont l'impression de se détacher, ou d'un produit auquel il manque des options importantes. Chez Simaudio, la performance est un terme global, définissant une satisfaction totale à tous les niveaux.»

Évolution

C'est un point clef de MOON, je pense. La société s'est délibérément définie comme un fabricant d'électroniques hi-fi spécialisé, convivial, plutôt que de proposer des produits super sophistiqués qui ne visent qu'à se séparer du passionné grand public pour satisfaire quelques clients ultra pointus. Peut-être est-ce dû à la taille de l'entreprise, qui est suffisamment grande pour mener des recherches, des développements et des conceptions sérieux, mais suffisamment petite pour garder les pieds sur terre.

«Lorsque j'ai commencé ici il y a vingt-trois ans,» se souvient Costa, «nous étions une dizaine de personnes. Maintenant, il y en a plus de cinq fois plus, donc nous ne sommes pas petits. Parmi les fabricants d'audio haut de gamme, je nous ai toujours considéré comme l'un des plus importants - pas le plus grand, mais pas du tout à l'autre bout du spectre non plus. Nous avons des concurrents de qualité comme McIntosh qui sont beaucoup plus grands, et nous le savons ! Lorsque vous êtes une entreprise en pleine croissance, vous franchissez certaines 'barrières invisibles' et vous ne savez que cela s'est produit que lorsque vous le faites. Parfois, l'action consiste à créer de nouveaux postes, parfois il s'agit davantage des exigences matérielles, et parfois il s'agit de finances - il faut dépenser plus d'argent ici ou là.»

Il ajoute : «Une chose que nous avons toujours essayé de projeter à travers tout cela, ce sont les valeurs de notre entreprise - et l'un des meilleurs moyens de le faire est à travers les produits que nous vendons. Tenter de maintenir la cohérence de l'image est quelque chose qui échappe à tant d'entreprises à mesure qu'elles grandissent, elle commence à disparaître après un certain temps - la mentalité corporative commence à s'installer. Nous avons à cœur de conserver notre image d'entreprise aux 'valeurs familiales', c'est bel et bien notre identité en tant qu'entreprise canadienne indépendante. Nous en sommes fiers.»

Costa est clair sur l'une des raisons clefs du succès de Simaudio. «Nous avons de la chance d'être une société privée et de l'avoir toujours été, et cela nous permet d'avoir un contrôle total sur nos objectifs.» Et la direction qu'elle prend est fonction de son origine. Après que Victor Sima a fondé l'entreprise en 1980, il a pris sa retraite et l'a vendue en 1994 à Jean Poulin. Il a, à son tour, investi beaucoup plus d'argent dans la recherche et le développement pour l'aider à se développer davantage. En 2013, il a pris sa retraite et a vendu l'entreprise à trois personnes, Costa étant l'une d'entre elles...

«Il a vendu à moi-même, Thierry Dufour - qui était notre ingénieur en chef - et au nouveau venu Louis Lemire, qui est malheureusement décédé il y a deux ans», me raconte Costa. «Sous cette nouvelle direction, nous avons élargi notre technologie tout en restant fidèles à nos valeurs. Nous avons particulièrement progressé dans la lecture réseau et maintenant dans de nouveaux designs de circuits d'amplification. Quand Louis est décédé, nous avons dû réorganiser l'entreprise, et Thierry a pris le rôle de directeur général et est maintenant président. Tous les designs que nous avons faits depuis ont été faits de telle manière que Thierry n'est plus chef ingénieur - au lieu de cela, c'est un effort collaboratif. Il a tout de même un oeil sur l'ingénierie, tandis que je suis évidemment plus orienté client.»

Il continue : «Certains d'entre nous sont ici depuis de nombreuses années. Thierry est fait partie de Simaudio depuis vingt-huit ans, et notre directeur produit Dominique Poupart est ici depuis vingt-trois ans je dirais. À nous trois, et avec notre directeur général, Etienne Gautier, nous nous assurons que la philosophie de conception ne change pas - nous sommes heureux d'avoir tous les points de feux au vert pour nous en assurer, tout en préservant et en partageant la passion et les valeurs qui ont toujours été des aspects forts de la marque MOON.»

À mon avis, c'est cet enracinement qui a donné à Simaudio un avantage. De nombreuses entreprises de cet âge et de cette taille ont le problème délicat de conserver la magie qui les a rendues spéciales en premier lieu. «Je pense que la plupart des entreprises de notre industrie n'ont jamais voulu changer la façon dont elles font les choses depuis leurs débuts», dit Costa. «Mais je pense que le destin y joue aussi pour beaucoup. Si la prochaine génération de propriétaires est une grande société holding étrangère qui vous rachète, vous aurez peut-être beaucoup de mal à maintenir votre philosophie originale. Ils vont probablement mettre un accent substantiel sur le profit avant tout. Avec nous, chaque fois que la société a changé de mains, cela a toujours été interne. Par conséquent, nous avons pu maintenir notre philosophie. Beaucoup de cela a été le destin et la chance pour nous, donc nous sommes deux personnes chanceuses et heureuses !»

Costa poursuit : «Nous avons vu dans notre secteur d'activité comment de nombreuses marques ont été regroupées sous de grandes sociétés mères, si vous voulez, et il y a des avantages potentiels à cela. Mais la plus grande menace pour chaque entreprise indépendante est de maintenir son identité, elles finissent par changer leur philosophie de conception et elles finissent par perdre cette clientèle propre et dans certains cas extrêmes, leur identité initale.» La gamme MOON a essayé de rester fidèle à sa philosophie fondatrice de cohérence sonore et bon rapport qualité-prix. Plutôt que de flirter d'une mode à une autre, Simaudio est bien les pieds sur terre et avec une idée très claire de ce qui a fait son identité et sa réputation. La propriété privée nous permet de le faire, souligne-t-il...

«Lorsque vous évoluez au sein même de la gamme de produits MOON, vous devez obtenir plus de tout ce que vous aimiez dans votre précédent modèle», explique-t-il. «Il y a beaucoup de marques sur le marché dont le goût sonore change lorsque vous montez en gamme. Dans de tels cas, le client préfère souvent le modèle moins cher au plus cher - et peut même dire que le plus cher sonne si différent qu'il pourrait venir d'une autre entreprise. Avec nos produits, nous n'avons généralement pas ce genre de commentaire. L'avantage de cela est que les clients deviennent plus fidèles à la marque, car si nous avons le type de son que nous aimons, ils ont tendance à rester avec nous.»

Costa a travaillé dans la vente de matériel hi-fi pendant une période de sa vie antérieure, et il observe que la bonne reproduction audio alliée à la continuité est rapidement remarqué par les acheteurs de hi-fi. «J'ai vendu de nombreuses marques différentes - américaines, japonaises, britanniques, quelques bizarreries européennes - et nous devons rendre hommage aux racines de l'industrie de l'audio haut de gamme. Nous devons saluer le Royaume-Uni parce que tant de passion part de là-bas. Comparez les approches britannique et japonaise quand tout n'était qu'une question de caractéristiques techniques. Les Britanniques ont cherché à concevoir des choses plus simples avec des chemins de signal plus courts qui sonnaient mieux. Ils ont ouvert la voie à beaucoup d'autres entreprises le long du chemin, et ont eu beaucoup d'influence sur notre histoire.»

Une philosophie «Do It Yourself»

Une autre chose qui a été primordiale pour la réussite de l'entreprise à ce jour est la philosophie de fabrication. Il précise que la fabrication locale (au Canada) est importante car elle donne presque un contrôle total sur ce qui est fabriqué et la qualité qui est obtenue. «Nous commençons à 2 400 $ US pour l'amplificateur intégré 250i v2, et puis bien sûr nous allons très haut avec les 888 et le 850P à l'autre bout du catalogue. De même avec nos produits numériques, nous fabriquons le DAC de streaming 280D qui coûte 3 900 $ US, et à l'autre extrémité, il y a le 891 qui fait partie de la collection North, qui coûte un incroyable 25 000 $.»

Costa ajoute que la société possède son propre atelier d'usinage, donc elle ne sous-traite pas autant que ses concurrents. «Cela permet un meilleur contrôle des coûts - ce qui nous permet de faire passer les économies au client. Nous sous-traitons la peinture mais tout le reste, même les cartes de circuit imprimé, la technologie de montage en surface, la soudure des cartes, etc., est fabriqué ici. C'est formidable d'avoir ce niveau de contrôle, car lorsque nous voulons apporter des changements à la production, nous pouvons le faire sans de grosses conséquences financières, arrêter la production et faire un changement si nous en avons besoin.»

C'est ici que les produits MOON profitent des tout-derniers procédés de production. «Vous pouvez faire des choses aujourd'hui que vous ne pouviez pas faire il y a 10 ans », déclare Costa. « Les types de semi-conducteurs disponibles se sont améliorés, nos conceptions de circuits ont évolué, la qualité des DAC s'est améliorée, et les circuits imprimés à quatre ou même huit couches que nous utilisons nous permettent des conceptions plus efficaces et de garder le signal aussi court que possible. Dans le même temps, nous pouvons également minimiser les interférences entre les circuits. Une conception optimisée, tant sur le plan électronique que sur le plan physique, améliorera la fiabilité et la qualité sonore.»

Pour Costa, il est important que tous les produits MOON - à l'exception d'une seule paire d'enceintes - soient fabriqués au Canada. «Le plus important pour nous est sans doute l'identité de marque. Payer ce prix fort d'une entreprise comme la nôtre et apprendre ensuite que les produits sont fabriqués en Asie, cela pourrait nous tuer. Je n'insisterai jamais assez sur les répercutions que cela auraient pour notre réputation, cela pourrait être dévastateur. L'une des caractéristiques les plus importantes de l'identité de la marque MOON est que toutes nos électroniques sont fabriquées au Canada.»

Il poursuit : «L'avantage concurrentiel du prix est en train de se refermer parce que les frais de transport ont explosé, et les choses sont plus réglementées. Par conséquent, ceux qui ont déménagé en Chine (par exemple) doivent être très stratégiques car le fossé se réduit. Je connais au moins une entreprise qui y est allée puis est revenue au Canada. Pour ce qui est de nos enceintes Voice 22, nous avons forgé une excellente relation avec SB Acoustics, qui possède une très bonne usine de fabrication en Indonésie - qui fabrique également des enceintes pour d'autres noms très connus. Les Voice 22 a été conçues en interne, mais pour ce qui est de la fabrication, nous ne pouvons tout simplement pas les construire. Un exemple simple, ici, nous travaillons avec de l'aluminium, pas du bois.»

Même les produits MOON les plus basiques sont fabriqués de la même manière que les modèles haut de gamme. «La manière dont nous construisons notre matériel d'entrée de gamme, nous n'avons pas de double standard. En d'autres termes, lorsque nous construisons dix amplificateurs intégrés 250i v2, il est possible que juste à côté d'eux se trouvent certaines électroniques North. La conception est telle que beaucoup du coût de 250i v2 en fabrication réside dans les pièces, et non dans le travail. Il est en fait assez rapide à assembler et il est conçu pour être ainsi, donc il n'a pas besoin de passer six mille heures en contrôle qualité ! Nous avons développé des techniques d'assemblage intelligentes et efficaces, afin de pouvoir dépenser plus d'argent sur composant. L'efficacité est liée à la fiabilité dans tous nos processus, nous pouvons donc offrir notre garantie de dix ans avec confiance.»

Créateur de musique

Comme tous les grands fabricants spécialisés en hi-fi, Simaudio fait face à un marché en constante évolution - avec un certain nombre de facteurs à prendre en compte. «En ce qui concerne la conception électronique », explique Costa, « un produit qui génère beaucoup de chaleur consomme beaucoup d'électricité et cela utilise nos ressources naturelles - c'est un problème certain. C'est pourquoi nous explorons d'autres méthodes d'amplification comme la Classe D. Ce n'est pas encore dans nos produits, mais comme je l'ai mentionné plus tôt, une variante propriétaire pourrait bien s'y retrouver un jour, on verra. Nous concevons déjà nos amplificateurs pour qu'ils fonctionnent à une température beaucoup plus basse que la grande majorité de nos concurrents, donc ce sont des conceptions de classe AB et non de classe A. En fait, nous obtenons beaucoup de commentaires positifs sur la façon dont nos amplificateurs fonctionnent.»

La technologie est un défi en soi, en raison du changement constant. Souvent, cela est dû à des raisons relativement insignifiantes telles que les normes internationales et la conformité, ou simplement l'évolution du marché. Costa souligne : «Nous avons une équipe de recherche et développement assez importante, mais il y a encore des problèmes que nous devons surmonter, tels que les problèmes de licence technologique qui coûtent de l'argent, ou d'autres préoccupations comme des problèmes complexes liés à la lecture réseau. Par exemple, il y a tellement de choses liées au réseau que nous ne pouvons pas contrôler, mais nous devons mystérieusement être compatibles à 100%. C'est beaucoup de temps passé à concevoir, tester et ajuster pour des choses que nous n'aurions jamais anticipées. Ce sont des défis que nous n'aurions pas eus il y a vingt-cinq ans.»

La pandémie mondiale que l'on a récemment connue a mis en évidence un autre problème auquel tous les fabricants d'électronique grand public doivent faire face : les problèmes de chaîne d'approvisionnement. Costa déclare : «Nous avons surmonté beaucoup d'entre eux parce que nous fabriquons la plupart de nos produits ici et que nous utilisons des pièces fabriquées sur-mesure en grandes quantités et que nous les commandons longtemps à l'avance. Nous avons des économies d'échelle. Mais c'est toujours finalement hors de notre contrôle. Par exemple, lorsque nous avons conçu notre DAC connecté 390 - l'un de nos produits les plus vendus - il avait une connectivité HDMI. Pendant le Covid, un certain composant est devenu presque introuvable, nous avons donc dû faire un pas en arrière, le reprogrammer avec un nouveau firmware pour qu'il fonctionne sans HDMI, afin de pouvoir continuer à le vendre. Et puis, lorsque ce composant redevient disponible, nous pouvons commencer à le proposer à nouveau. Ce sont donc des problèmes technologiques aggravés par des problèmes de chaîne d'approvisionnement - il y a des choses qui ne dépendent pas de nous et nous devons nous adapter du mieux que nous pouvons.»

Le processus de développement derrière un produit MOON est long et méthodique. Après avoir résolus tous les problèmes d'approvisionnement et de fabrication, il s'agit de fabriquer des prototypes fonctionnels. Ces derniers doivent être soigneusement mesurés puis écoutés sur une longue période. «Et après avoir utilisé le produit de fond en comble, au-delà de tout type d'utilisation typique à la maison », comme il le dit délicatement, « nous devons le ramener au laboratoire et le mesurer à nouveau - et chercher des faiblesses de conception. Ensuite, il retourne dans la salle d'écoute pour d'autres tests. » Il ajoute qu'il est normal de faire plusieurs prototypes avec quelques légères différences de circuit, et qu'ils sont tous auditionnés de manière exhaustive pour décider quel est le meilleur. Ainsi, entre le stade du prototype et la production, il y a un grand écart avec beaucoup de pré-tests. « Nous prenons également des échantillons de pré-production à la maison pour une période prolongée pour voir comment nous les aimons, autrement dit pour vivre avec eux comme le fera l'utilisateur final et chercher des bugs, avant de finalement tout corriger. Une fois tout cela accompli, il passe enfin en production.»

Tourné vers l'avenir

Costa nous indique que les volumes de ventes de produits MOON sont maintenant bien dans les huit chiffres, la marque ayant franchi cette barrière il y a à peine quelques années. Il déclare que les États-Unis sont le marché le plus important, puis il est divisé de manière comparable entre le Canada et la Chine. Bien qu'il maintienne son engagement envers des systèmes hi-fi sans compromis, l'entreprise élargit maintenant sa gamme pour attirer une tranche plus large d'acheteurs. « Je dirais qu'il y a une décennie ou plus », explique-t-il, « l'acheteur MOON typique était plus âgé, mais nous avons travaillé pour faire baisser cet âge moyen - pour exposer les jeunes à notre marque ».

Des produits abordables qui attirent les audiophiles, tels que l'amplificateur intégré 250i v2, le DAC de streaming 280D et l'étage phono 110LP, sont ce que Costa appelle des « portes d'entrée » vers la marque. « C'est votre première étape pour ainsi dire. Et nous avons remarqué qu'avec la collection North - qui représente les six nouveaux produits que nous considérons comme la prochaine génération de produits MOON - ils sont des designs hautement intégrés et multitâches. Les streamers 791 et 891, par exemple, ont un lecteur réseau, un préampli analogique, un DAC, une connectivité HDMI et un étage phono intégrés. Mais si vous supprimez les contraintes de coût, alors nos ensembles ultimes sont toujours les meilleurs pour nous - le 850P est toujours le roi pour ce qui est d'un préamplificateur analogique, ainsi que les amplificateurs mono 888. »

Malheureusement pour Costa Koulisakis, il n'y a pas de platines cassettes dans la prochaine gamme MOON, mais on pourrait dire que la marque se concentre sur des produits qui ont une portée similaire aux consommateurs contemporains, de la même manière que les platines ont séduit les mélomanes il y a une génération. Dans le même temps, il m'assure que cette marque canadienne et populaire de hi-fi n'a absolument pas l'intention de se défaire de son passé hi-fi puriste et spécialisé.